Alors que le Glam US cartonne de toute part, prenez un groupe californien qui a déjà fait ses preuves dans les clubs de Los Angeles en se forgeant une belle réputation live. Mettez-le entre les mains de Beau Hill, producteur ayant déjà coaché des pointures telles que Ratt, Twisted Sister, Winger ou Alice Cooper. Ajoutez à cela une pochette aussi hideuse qu’accrocheuse et un titre aussi long que polémique, et vous obtenez ce qui ressemble à un superbe produit marketing. Oui, mais n’en déplaise à certains, marketing ne veut pas dire dépourvu de talent et en voilà un exemple incontournable.
Bien que le look de ses 5 membres reste dans les classiques du genre, Warrant n’est pas un simple clone de Poison, Ratt ou Mötley Crüe. Et même si la musique composée par Turner et Dixon ne sort pas des sentiers balisés par les leaders d’un Big-Rock US coloré et festif, le combo n’en a pas moins une identité bien marquée. Pour commencer, ce "Dirty Rotten Filthy Stinking Rich" est mené de voix de maitre par un Jani Lane qui se révèle également un sacré frontman sur scène. Comme il a derrière lui une équipe qui est loin d’être composée de manches, l’interprétation est en tous points remarquables. Et tout ce beau monde est au service d’une belle brochette de titres imparables.
Proche de Poison par son côté fun, Warrant dégaine un début d’album qui mettra sur les genoux les plus résistants. Du Big-Rock légèrement syncopé d’un "32 Pennies" à la cinglante accélération finale, à l’hymne "D.R.F.S.R. " au refrain à scander à cœur, il est impossible de résister à un "Down Boys" chaloupé et accrocheur, un "Big Talk" catchy et à la bonne humeur communicative, ou au up-tempo groovy de "So Damn Pretty (Should Be Against The Law)". Même l’incontournable power-ballade représentée par "Sometimes She Cries" ne tombe pas dans la mièvrerie et réussit à garder la dynamique. Du coup, bien que d’un niveau plus qu’acceptable, la suite donne l’impression d’une baisse de régime, alors que les riffs directs de "In The Sticks" et "Cold Sweat", et presque ACDCien de "Ridin’ High", seront suffisamment efficaces pour continuer à vous faire battre la mesure. Seule la ballade "Heaven" est un brin larmoyante, même si elle possède toutes les qualités pour cartonner sur les ondes FM nord-américaines.
C’est donc un coup de maitre que réalise Warrant avec ce premier opus qui se doit de trôner au milieu de discothèques de tous les amateurs de Hard-Rock US. Avec "Dirty Rotten Filthy Stinking Rich", le quintet s’impose directement comme une référence incontournable au sein d’un style un peu encombré mais dont les têtes d’affiche prouvent régulièrement que le talent de compositeur et la maitrise technique, doublés d’un enthousiasme de tous les instants, sont les éléments indispensables pour s’extraire de la masse des suiveurs permanentés.