Tous les 2 ans depuis 1994 (et avant Arena), Clive Nolan réactive son groupe afin de nous livrer sa version du néo-progressif en tant que capitaine du navire. Cette fois, le line-up évolue pour voir arriver en son sein un claviériste supplémentaire en la personne de Mike Varty (Janison Edge) afin de renforcer encore un peu plus la place de cet instrument et libérer Clive.
Effet immédiat : sa voix a encore progressé, apportant une assise certaine et profitable à l’ensemble du groupe. Les compositions ne sont plus le seul apanage du Lord des claviers mais il partage ceci avec Mike Varty ("USI"), tandis que "Flatline" est l’œuvre de Salmon/Varty et "The Burning" est créditée au seul Varty. Ce choix permet au groupe d’ouvrir un peu son champ d’action et les titres sont plus diversifiés, avec le syncopé "Zuleika", mais aussi les déstructurés et plus progressifs "Flatline" et "The Burning". Ce choix rogne un peu les velléités plus pop du groupe vues sur les 2 précédents disques et risque de décevoir ceux qui avaient aimé ce néo-progressif basé avant tout sur l’accessibilité.
Il y a tout de même de quoi rendre heureux l’amateur du néo-progressif flamboyant des années 90 puisque "USI" efface "Trough The Looking Glass" des tablettes du titre le plus réussi de Shadowland. Le fait positif, mais aggravant pour ce disque, est d’avoir positionné cette composition au tout début, un choix pas tout à fait judicieux au regard de la suite et de la puissance de ce titre. "The Seventh Year" est, elle aussi à sa manière, une plage majeure dans cet opus puisqu’elle est le clin d’œil à "Ring Of Roses" avec une deuxième partie instrumentale ("Why Kruhulick ?" répondant à "The Kruhulick Syndrome") martelée par le duo batterie/basse et ciselée par un énorme solo de 6 cordes.
La longue plage éponyme se présente comme une sorte d’acte d’opéra avec différentes atmosphères et des breaks nombreux, mais finit un peu en queue de poisson avec 2 minutes 30 d’enregistrement de pluie (?) inutile. Le final "Salvation Comes" est un titre tout en sensibilité avec un démarrage claviers/voix plus l’apparition des différents instruments s’unissant à des chœurs -dont la liste des participants est trop longue pour être décrite ici mais sachez que Damian Wilson (entre autres) en fait partie- très bien travaillés pour une finition en canon.
Finalement, un disque en demi-teinte au regard des 2 précédentes livraisons, avec tout de même 2 titres largement au-dessus du lot, 1 épique original et un final tout en sensibilité mais qui n’arrivent pas à tirer suffisamment "Mad As A Hatter" vers les sommets entrevus auparavant. Sommes toutes, il serait dommage de ne pas avoir cet opus en rayon au regard de la qualité, sachant que c’est le dernier en date, mis à part le très beau DVD "Edge Of The Night" et l’intégrale "Cautionary Tales" qui est, elle aussi, une très bonne solution pour se fournir la totale Shadowland avec de nombreux bonus.