Après le fantastique "Berlin - A Concert For The People", suivi de 3 nouveaux albums studio, était-il temps pour BJH de ranimer la flamme scénique, en inscrivant sur disque une nouvelle trace de ces enivrants moments de communion avec son public (à Berlin, justement, comme pour glorifier un passé destiné à reprendre vie) ? Ou simplement décocher un énième enregistrement, sensé faire patienter jusqu’à la prochaine réalisation intra-muros ? Quand on connait la cadence productive des Britanniques à l’époque, il est assez difficile d’estimer que ce genre d’opération était forcément indispensable, même si en effet le milieu des années 80 marquera un sensible ralentissement des parutions harvestiennes. Quoi qu’il en soit, la pertinence de cette captation live pour ce qu'elle aurait dû être s’avouera un tantinet hasardeuse.
Sur le choix du programme, "Glasnost" fait la part belle à "Face To Face", opus de la même année (le concert a été enregistré en juillet 1987), en proposant 6 morceaux afférents, sur les 12 du tracks listing. Pas de reproche particulier à formuler sur l’orientation de ce choix, si ce n’est l’impasse sur "Ring Of Changes", mais en prestations de concert il est vrai qu’il est d’usage de mettre à l’honneur la réalisation discographique la plus récente, lorsque le parcours musical antérieur est déjà conséquent. D’autant que les morceaux concernés font partie d’une réelle élite émotionnelle sur le talentueux répertoire de "Face To Face". Difficile de prétendre par ailleurs, que les ingrédients festifs seraient totalement absents: on aura quelques francs et fervents chorus de six cordes à se mettre sous la dent, ('Hold On', 'On The Wings Of Love', 'Love On The Line'), un moment de partage oratoire avec le public (introduction de 'African'), de belles envolées onirico-symphoniques ('On The Wings Of Love', toujours), ou encore les témoignages d’une participation collective à la célébration de cette musique lyrique et atmosphérique (les mains du public, accompagnant la rythmique de 'Berlin', ou celle de 'Medicine Man').
Mais au-delà de ces appréciables ponctuations aux couleurs live, sur la durée, c’est l’impression de linéarité qui l’emporte. Les morceaux s’enchaînent, les uns après les autres, quasiment calqués sur leurs versions studio (à quelques variantes près; 'Hold On' en particulier est servi par une rythmique qui ravive totalement l’original). Si l’instrumentation brille de tous ses feux, elle est globalement dénuée de surprise sonore, et les vocalises ne dénotent aucune fantaisie de valeur ajoutée significative. "Glasnost" est très propre sur lui, trop pour constituer un enregistrement live persuasif et véritablement attrayant. Au final on est loin du "Berlin" de 1982 qui notamment, réhabilitait les compositions de "XII" avec une fièvre émotionnelle transcendant l’interprétation, une fièvre qui s’avérait des plus communicatives. Il suffit de comparer les deux 'Hymn', sur chacun de ces albums live, pour avoir une idée de la différence de leur potentiel expressif.
Il en reste que l’album pourrait constituer une intéressante alternative de compilation pour une découverte de la période moderne de BJH et de ses inaltérables mélodies.
…En matière d’interprétation scénique sur cette même période, un "Berlin"… sinon rien!