Udo Dirkschneider ne perd pas de temps pour proposer son troisième disque solo, "Faceless World", un an après l'excellent "Mean Machine". Dans l'intervalle, Udo n'a gardé qu'un guitariste, Mathias Dieth, pour laisser plus de places aux claviers joués ici par le fidèle Stefan Kaufmann, également producteur du disque. Avec "Faceless World" Udo répond en quelque sorte à son ancien groupe, Accept, qui vient de sortir un "Eat The Heat" très commercial et américanisé. Réponse, car avec cet album il balance un disque plus mélodique que ses deux premiers opus, avec claviers mis en avant, refrains faciles et mélodies imparables. Mais à la différence d'Accept, Udo parvient à garder son âme. Déjà, sa voix n'a pas changé, il accentue juste le côté accrocheur de sa musique, à l'image de ce que pouvait donner "Metal Heart", et fait le mélange parfait entre mélodie et heavy germanique.
Le résultat donne un disque de grande classe, avec nombres de chansons imparables, parfaitement produit et joué. Dieth se montre un virtuose inspiré, balançant nombre de riffs et soli de qualité, techniques sans jamais être pompeux. Et la première partie de "Faceless World", sa face A comme on disait jadis, est à tomber par terre tant elle est réussie. Udo et sa bande brillent de milles feux avec des tubes énormes tels que "Heart Of Gold", "System Of Life" ou "Blitz Of Lightning", dotés de refrains aisément assimilables et d'excellents riffs. Ensuite, avec "Faceless World" et Stranger", on trouve deux hymnes scéniques. Assez recherchés, les claviers y sont omniprésents et parfaitement en adéquation avec la guitare et la batterie. Ces chansons sont des pépites de heavy mélodique qui prouvent qu'Udo peut encore progresser et ne pas stagner dans son heavy classique.
Après ce début ébouriffant, la suite est un poil moins imparable. Il y a un peu de remplissage avec notamment deux titres, "Restricted Area" et "Born To Run", bonus de la version CD qui n'apportent pas grand-chose, montrant un heavy mélodique classique. "Living On A Frontline" avec ses chœurs et son refrain accrocheur, "Trip To Nowhere" dans cette même veine facile à écouter et presque commerciale, Udo chantant sur le refrain plus qu'il n'hurle, sont à classer dans la catégorie des bons titres. Avec "Can't Get Enough", Udo envoi la sauce avec ce morceau ultra heavy, prouvant que dans ce registre il sait encore faire très mal. Enfin, après la classique mais jolie ballade, "Future Land" achève l'album en beauté avec encore un refrain en chœurs très bien amené et un ton musical encore très accrocheur.
"Faceless World" est donc un disque de grande qualité, l'un des meilleurs d'Udo en solo et même de toute sa carrière. Avec ce disque accrocheur, il colle une grande claque à Accept qui surnage avec un album racoleur et sans âme. Certes, cet aspect plus mélodique pourrait ne pas plaire à tout le monde mais il serait vraiment dommage de passer à côté de ce grand disque de métal mélodique à la hauteur de la classe de son immense chanteur.