Pour ce 4ème album intitulé "Timebomb", le groupe ne change pas avec toujours l'excellent guitariste Mathias Dieth aux côtés d'Udo. Avec "Faceless World", le groupe nous avait montré sa face accessible et mélodique, faisant la part belle aux claviers et cela n'avait pas plu à certains fans, reprochant à Udo de se ramollir. Comme piqué à vif, notre homme va balancer avec ce "Timebomb" l'exact opposé de son prédécesseur. En effet ce nouvel opus est très court, 38 minutes, avec des titres très directs, et voit Udo proposer son disque le plus heavy et le plus puissant de toute sa carrière. Comme influencé par le "Painkiller" de Judas Priest, sorti juste au début de la composition de "Timebomb", Udo met de côté claviers, mélodies aguicheuses et voix plus douces. Le tout est bourrin pratiquement du début à la fin, la double grosse caisse est très en avant et Udo lui-même s'arrache le gosier comme rarement dansle passé.
Si le résultat est efficace, il manque un peu de variété et de finesse et on regrette les moments plus calmes et mélodiques qui faisaient la force des premiers albums. En ne gardant que la face heavy, Udo fait sans doute plaisir à quelques fans et se rassure probablement aussi, mais il y perd en force et en classe. De plus, l'ombre du Priest plane un peu trop sur certaines compositions mais sans la même prestance du géant britannique, comme "Timebomb" et "Burning Heat" qui sonnent un peu trop comme ce dernier. Certes, Dieth y est formidable d'aisance, rapide, mélodique et précis, mais cela ne suffit pas à sauver ces titres.
Du fait de cet ensemble très homogène, il ne ressort pas grand-chose. Il n'y a pas d'hymnes ou de grands titres, juste quelques bons titres ici et là. Heureusement, le travail de Dieth est gigantesque et sauve l'album bien souvent à lui tout seul. L'instrumental "Overloaded" est d'ailleurs la meilleure preuve de sa dextérité. Il permet ainsi à un titre comme "Kick In The Face" de sortir un peu du lot, lui donnant un bel aspect mélodique. Nous garderons également "Metal Eater", efficace titre de power heavy avec un bon refrain et un superbe solo, "Back In Pain", plus rock dans l'esprit et donc un peu plus posé, retrouvant un ton Heavy-Rock qui fait du bien. Enfin, il y a quand-même un mid-tempo avec "Metal Maniac Master Mind" qui permet de souffler un peu et de retrouver ce ton épique et posé qui fait la force d'Udo, même si ce titre n'a pas la même classe que ceux du même genre écrit dans le passé. Mais dans ce contexte assez faible il arrive à se faire une belle place. Le reste est assez fatiguant et répétitif avec "Powersquad", "Thunderforce" ou "Soldiers Of Darkness" qui sont juste bourrins et manquent du truc qui fait la différence.
Après une réussite comme "Faceless World", le coup est un peu rude tant ce "Timebomb" est nettement inférieur, trop heavy et sans nuances et n'ayant pas les moyens de ses ambitions. Udo semble un peu perdu, cherchant à retrouver le succès commercial en se raccrochant à ce qui marche. Après cet échec solo, et au vu du succès du live de son ancien groupe, "Staying A Life", et surtout de l'inactivité de ses anciens collègues, le temps d'un retour d'Accept n'apparait plus comme un simple fantasme de fan.