Pour leur premier album, ce groupe suisse nous délivre un concept manquant de maturité mais ou l'on sent déjà un énorme potentiel. Ce rock progressif, puissant et théâtral, pour une fois ne copie pas Ange.
Le thème original sur la misère dans les métropoles s'ouvre sur Janus, certainement le titre le plus aléatoire du disque. On note chez Galaad une personnalité hors du commun et un chanteur exceptionnel. Toutefois le manque de fluidité dans les mélodies donne quelques lourdeurs durant presque tout l'album. Il faudra attendre 'Votre Mère', le cinquième titre, pour comprendre l'indiscutable force du texte et des mélodies fantastiques que peut écrire ce groupe. Certains passages dévoilent l'énorme sensibilité qu'ils peuvent dégager. 'Sablière' et 'C'est De L'Or' qui clôture l'album sont des joyaux dans le progressif français souvent en manque d'inspiration.
Avec leur musique (et leur chanteur) reconnaissable entre tous, Galaad nous offre enfin de la nouveauté. Même si l'on peut reprocher le manque d'homogénéité à l'intérieur d'une même composition, on y retrouve toujours une partie admirable qui rend l'album si précieux, entre Ange et Marillion tout en étant très différent de l'un comme de l'autre. "Premier Février" mérite plusieurs écoutes afin de mieux appréhender son concept si particulier.
Malgré de nombreuses erreurs de jeunesse, cet album annonce l'arrivée du 2ème opus ("Vae Victis") qui marquera l'histoire du progressif francophone. On pourra s'extasier sur la richesse des textes, sur l'originalité du chanteur ainsi que sur certaines mélodies magnifiques. Les curieux devraient se précipiter sur cette galette qui recèle bien des mystères.
Pour finir je citerai juste ces quelques vers tirés du titre Petite :
"J'ai tressé une larme dans la chevelure des sens
Un soir de brume au bord de la vie
Je t'ai marié Femme en une nuit décence
Avec un rien de souffle et quelques cris"