Une (belle) pochette aux couleurs soyeuses et automnales et un premier album – Aura – qui a permis à ses géniteurs il y a deux ans de faire parler d’eux au sein d’une sphère post-rock à bout de souffle et d’idées, et ce faisant de décrocher la première partie de la tournée de leurs comptriotes de Riverside, nous ont donc mis l’eau à la bouche au moment de plonger dans ce Earthshine, sinon attendu au moins espéré comme une confirmation.
Las, Tides From Nebula fait plus que décevoir avec cette seconde échappée trop linéaire et vierge de la moindre touche d’originalité pour emporter l’adhésion, si ce n’est celle, peut-être, des amateurs du dernier rang. Entendons-nous bien, Earthshine n’est pas un mauvais album, celui-ci étant parsemé de quelques majestueux passages (durant les longs "Caravans", qui s’énerve – heureusement - un peu en cours de route et "Siberia" par exemple) cependant que les Polonais y font montre d’un savoir-faire et d’une technique évidents, seulement un album de plus (chez ceux pour qui un verre est à moitié plein) ou de trop (pour les autres).
Et vous nous pardonnerez l’emploi de ce terme un peu grossier : ce disque est surtout chiant. Agréable mais vide. L’électro-encéphalogramme désespérement plat, il ne s’y passe rien, ou presque... Tides From Nebula à force de vouloir peindre sa musique avec des couleurs pastels, finit par sombrer dans une abstraction un peu floue, confondant vibrations impressionnistes et vacuité des atmosphères. De fait, lorgnant vers Explosions In The Sky ou God Is An Astronaut, le groupe montre les limites d’un genre, le Post Rock, qui semble depuis longtemps avoir tout dit car reproduisant jusqu’à l’indigestion toujours les mêmes lignes de guitares stratosphériques, ces mêmes plans de batterie pointilliste, ces mêmes ambiances à la fois évanescantes et terreuses mais qui ne décollent jamais vraiment.
Du coup, on ne retient (presque) rien de cet opus pourtant porteur de grandes promesses dont seuls quelques riffs un peu plus métalliques que les autres réussissent à nous maintenir éveillé. Certes, nous en attendions peut-être trop mais tout de même davantage que ce Earthshine inoffentif, parfait comme somnifère, beaucoup moins comme moyen de transport vers un ailleurs que le genre a pu nous offrir à ses débuts, ce qu’il ne parvient plus guère à réaliser ou alors à doses malheureusement homéopathiques.