Cinq longues années après la sortie du remarqué bien qu’imparfait Opus One, les canadiens de Greylevel nous reviennent avec une nouvelle livraison, Hypostatic Union, l’occasion pour eux de délaisser quelque peu les ambiances acoustico-atmosphériques et de se positionner plus nettement du côté progressif de la force.
Quelques modifications de line-up tout d’abord, avec la présence d’un vrai batteur pour remplacer les programmations du premier album, ce dont personne ne se plaindra, et également d’un bassiste pour soulager Derek Barber de sa charge multi-instrumentale.
Côté musique maintenant, la première chose qui frappera les oreilles de l’auditeur se souvenant d’une première livraison somme toute très artisanale, c’est l’ampleur sonore procurée par une production de grande classe : les claviers néo emplissent l’atmosphère, les guitares électriques sont tranchantes et la section rythmique ronfle correctement. Par-dessus cet accompagnement, les voix du couple Barber régulièrement en harmonie masculine/féminine, et les accords de guitare acoustique, se détachent nettement, donnant une coloration très chaude à l’ensemble. Indéniablement, les progrès sont plus qu’évidents de ce point de vue.
Quant aux compositions, le terme de maturité peut sans contestation aucune leur être accolée. Oh certes, point de breaks mélodiques ni rythmiques dans tout cela, l’ensemble reste du néo-progressif fortement teinté d’ambiances planantes, mais sans certains des clichés habituels tels les soli systématiques de guitare, plutôt discrets par ici mais néanmoins présents (Terminal), au profit de quelques saillies de clavier naviguant entre Eloy ou encore Gazpacho. Non, les titres aux durées très variables sont là pour nous emmener dans un voyage musical aux contours à la fois éthérés et dynamiques, l’ambivalence entre des rythmiques mid-tempo, les claviers néo, et les guitares tranchantes permettant de maintenir les deux sentiments côte à côte. Il ne manquerait plus que du violon pour se rapprocher définitivement de Gazpacho !
Les deux longues plages que sont Achromatize et Hypostatic Union se dégustent ainsi d’une traite, et révèlent de nouvelles saveurs à chaque nouvelle écoute, tandis que le plus musclé Terminal vient flirter avec des ambiances à la Pineapple Thief.
Alors certes, les grincheux trouveront bien quelques petits défauts à cet album, et notamment celui d’étirer parfois en longueur quelques séquences. Mais pour ceux dont le néo-progressif est la tasse de thé, on ne pourra que classer Hypostatic Union parmi les réussites indéniables de l’année 2011. Reste maintenant à espérer que l’attente sera un peu moins longue jusqu’à la parution du prochain opus du groupe.