A bien y réfléchir, exception faîte du pays du "Soleil Levant", les groupes de métal originaires d'extrême-orient ayant une distribution internationale digne de ce nom ne sont finalement pas légion. Les Taïwanais de Chthonic font partie de ces rares groupes extrême-orientaux ayant réussi à percer en Occident. Il faut tout de même souligner que Chthonic existe depuis maintenant 16 ans, même si ce nouvel album "Takasago Army" n'est que leur sixième galette studio. Ce nouvel opus n'est rien moins qu'un concept album avec pour thème central les soldats taïwanais enrôlés au sein des forces japonaises durant la seconde guerre mondiale.
Chthonic s'éloigne de plus en plus de ses racines plus purement black métal des débuts. Il ne reste plus véritablement que le chant guttural black métal de Freddy Lim qui donne de plus en plus par ailleurs dans un chant typé death-métal. Musicalement, Chthonic s'inscrit dans la lignée black symphonique de groupes comme Dimmu Borgir et encore plus de Cradle Of Filth avec, en prime, un indéniable côté épique et un caractère folk assez prononcé.
Le point fort du groupe est d'ailleurs cette touche folk moyen-orientale parfaitement intégrée aux compositions. En effet, le recours à une flûte et à l'ehru donne une couleur fort dépaysante à certaines compositions. L'instrumental d'ouverture, "The Island", est à cet égard d'une grande réussite, à l'instar d'un "The Legacy Of Seediq" ou "Ocean Quake" qui demeurent assurément les points forts de cet album. "Takao" aurait pu en faire partie mais il est vraiment dommage que le refrain rappelle par trop les Finnois de Turisas.
Hormis le titre final, "Quell The Souls In Sin Ling Temple" aux guitares mélodiquement accrocheuses, le reste de l'album ne possède malheureusement pas de point d'accroche mémorable. Exception faîte du recours aux instruments traditionnaux, passé les premiers titres, ce "Takasago Army" s'égrène en un black symphonique tout ce qu'il y a de plus classique à l'instar de compositions telles que "Broken Jade" ou "Makahala". Heureusement qu'il y a cet interlude, pas franchement inspiré d'ailleurs, "Root Regeneration", pour apporter une césure à cet enchaînement musical presque sans nuance.
Cet album aurait pu être très bon et véritablement plus accrocheur si Chthonic avait davantage approfondi sa personnalité moyen-orientale. Par exemple plutôt que furtif sur le titre "Kaoru", le recours plus important au chant féminin de Doris Yeh, particulier et typiquement asiatique, aurait davantage donné de singularité à ce "Takasago Army". De fait, les Taïwanais, à vouloir être originaux sans trop l'être non plus, délivrent au final un album, certes plaisant, mais manquant d'une forte personnalité à défaut de ne pas en avoir du tout. Et c'est bien dommage...