Artiste complet et assez décalé, Tommy Peltier est tout d'abord trompettiste de talent dans les années 60 avec son groupe the JazzCorps. Il se met à la guitare puis au piano suite à un accident le forçant à ranger les cuivres au placard. Poussé par ses amis artistes, il devient également chanteur bien que, il l'avoue lui-même, sa voix reste singulière et jailli comme si elle sortait d'un cuivre (parfois même uniquement sous forme de vocalises comme sur "One Way Trip" ou "Papa"). Cette marque de fabrique finit par séduire et le voilà reparti.
Il est aisément compréhensible que ce premier album solo en quarante années de carrière soit tant attendu chez les fans, et évident que celui-ci ne décevra pas ! Pour les novices, nous pouvons sentir dès le premier titre "The One And Only" que le Monsieur connait son sujet. La musique est riche et savamment construite, les mélodies charmantes et le tout rappelle les grandes heures de la Pop Rock soft des eighties (guitare reverbs, claquements de mains, nappes de claviers). La voix, plutôt androgyne agit tel un saxophone, très musicale, fluctuante, presque sensuelle.
Très vite, l'auditeur se rend compte que "Love, Woman And Song", qui regroupe les thèmes de prédilections de Peltier, est basé sur un concept très artistique. Les sept premiers titres constituent en effet l'accompagnement musical d'un ballet de danse moderne. Tous chantés, ils s'enchainent. "Love Is All" mise tout sur un chant très solennel et éthéré et "Robie Sweet Dream" dévoile des claviers très cheap mais étonnamment en accord avec le titre coloré, théâtral et décalé au possible (à découvrir ci-dessous). Il en est de même de la reprise "Old Man River", entre accords sonores et extrême douceur. Ces ambiances et déclamations vont à coup sûr faire voyager ceux qui se sentent des atomes crochus avec l'artiste. Les autres vont vite trouver ces enchainements langoureux très longs, plats et rébarbatifs.
La suite, instrumentale, propose tout autre chose. La dynamique musicale revient, les titres sont bien distincts les uns des autres et les ambiances varient."Papa" voit Peltier mixer dans un grand ravier des ingrédients Pop, Rock, Jazz, Be Bop, Classique pour un résultat plutôt singulier. Des titres comme "Slo-Mo Tango" ou "Drop The City" qui reproduit des bruits de la ville, souffrent avec d'autres de ses ambiances très clavier "bontampi", riches en programmations de batterie totalement dépassées. "Let's Get Serious" faussement inquiétant ou le Reggae final très comique qu'est "Tail Of The Comet" (même Toto a fait mieux dans le genre 70's) ne vont pas nous ménager également.
A l'image de l'artwork sur la pochette, Peltier se sent libre et propose ici une musique très personnelle qui reste, quelle que soit la partie de l'album à laquelle on s'attache, difficile d'accès et pour le moins incongrue pour le non initié, même si au risque de me répéter, les fans vont prendre un réel plaisir dans ce voyage des sens que les multiples écoutes vont venir enrichir. Si vous n'êtes pas de ceux là, le disque reste à conseiller aux fans inconditionnels des 80's à l'esprit ouvert !