C’est la rentrée ? Repartez en vacances ! Mamas Gun vous invite à vous installer au volant de votre coupé-cabriolet (à défaut, improvisez !), et à reprendre la route en direction de paysages ensoleillés et de lagons aux teintes turquoises et argentées. Attention, il s'agit bien ici de la formation britannico-australienne, et pas de l’album "Mama’s Gun" de la chanteuse Erykah Badu, paru fin 2000, confusion plausible eu égard à l’affiliation néo-soul de cette artiste américaine.
Les 5 complices de ladite formation peuvent s’élancer sans aucun complexe, dans une Pop-Soul réverbérant mille et un reflets inspirés de la musique des grands noms de ce genre (amateurs de Stevie Wonder, à vos casques… Dès l’ouverture, avec le très énergique 'Reconnection', la couleur est annoncée). Un premier opus ("Routes To Riches" en 2009), et le succès a été immédiat, prestations internationales de concerts à l’appui, aussitôt ensuite. Mamas Gun a notamment laissé une durable trace de son passage sur les scènes du Japon et d’Allemagne – la culture nippone n’est d’ailleurs pas étrangère à son leader et compositeur Andy Platts.
Avec ce nouvel album, vous pourrez tout aussi bien vibrer aux rythmes d’élans authentiquement soul, ou funky aux méthodes Earth Wind And Fire (savourez donc les cocktails basse & vocalises, embarqués par des titres comme 'On A String', 'Inferno', ou encore le titre éponyme), que vous laisser balancer dans votre hamac au son mélodieux de prégnantes mélopées, baignant dans la tiédeur des longues soirées estivales. Mamas Gun n’a pas armé Maman que d’un revolver énervé ou disco-pop, loin s’en faut : 'We Make It Look So Easy' ou 'Sending You A Message' sont des ballades qui dispensent une sérénité aérienne, à la mesure du soin porté à l’interprétation. 'Pots Of Gold', refermant la marche dans la même couleur émotionnelle, se permet même quelques incursions chantées en langue de Molière (en collaboration avec le chanteur français Tété), qui s’intègrent à la composition sans coup férir. Quant à 'The Heart', voici le témoignage d’une nouvelle aptitude du quintet britannique, prouvant un réel brio dans le registre mélancolique; c’est bien simple, avec sa mélodie parfaitement juste, un vocal de toute beauté déjouant tous les dangers des altitudes, et des percussions en écho lointain, ce morceau est l’un des meilleurs du programme !
Les surprises de "The Life And Soul" ne s’arrêtent d’ailleurs pas là. L’introduction de 'Reconnection' nous emmènerait volontiers sur une fausse piste d’obédience pop-électro, le coup d’envoi à peine lancé. Et avec 'Bicycle Race', Andy Platts prend le pari de taquiner la clinquante tessiture de Freddie Mercury, sur cet emprunt au répertoire de l’inénarrable Queen; ou quand la Soul vient demander l’Opéra-rock en mariage. Hé bien, devinez un peu… Cela fonctionne à merveille !
Avec une sonorité haut de gamme, un chant à l’aise dans toute sa partition tonale, dynamique en permanence, et une qualité d’écriture plus qu’honorable, "The Life And Soul" peut s’enorgueillir d’une production (presque) exemplaire. Dommage que deux ombres viennent sensiblement ternir le tableau, 'Rocket To The Moon', un peu trop stéréotypé (et avec une intro à la Fine Young Cannibals, ni revue ni corrigée) et 'Get A High', dont la vocation passablement plaintive et la texture atone ne collent pas vraiment avec le reste. Hormis cela, nous tenons ici l’une des valeurs sûres de la Soul Music du moment. On parie que vous allez aimer !