Dans les années 60, le jazz s'enrichit des ambiances électriques naissantes et se libère de ses attaches. Ainsi, claviers sous le bras, les nouvelles formations viennent bruler les planches des clubs d'Hermosa Beach. C'est en 1963 que Tommy Peltier s'engouffre dans la brèche avec le dynamisme et la fibre artistique toute particulière qui le caractérise déjà. Il fonde rapidement le Jazzcorps Band qui propose un Jazz Rock instrumental et sans frontière. Cette toute récente réédition permet enfin aux fans de (re)découvrir les touts débuts de cette aventure.
L'ambiance de ce "Jazzheads" se veut naturellement très live et bourrée d'énergie. Le son des claviers pourrait paraître bien cheap aujourd'hui (bien que l'on retrouve les même dans le premier album solo du Monsieur en 2011) mais c'est bel et bien ici les cuivres, trompettes et trombone, qui se payent la part du lion dans une ambiance "longues jams entre amis". La rythmique tient la route et swing en diable ("Extention Blue" qui rappelle les premières expérimentations de Miles Davis sur "Kind Of Blue") et trace une route qu'empruntent à volonté cuivres et claviers pour de longues envolées mélodiques.
Le chaloupé et tranquille "Chalon Pago" (à la batterie métronomique très inspirée latino), les curieux "The Purple Thursday Of The Crazy Now" et "Gingerbread Girls" (théâtre d'un long solo de basse) inspirés des meilleures fanfares multiéthniques et brass bands, titres dansants mais paradoxalement profonds et techniques et à l'ambiance irrésistible sont autant de moments délicieux.
Ceux qui aiment Ornette Coleman, Charlie Mingus ou la période électrique de Davis vont aimer le groove solide de Peltier ("Ride Miller Ride" en tête) et se laisseront emporter au-delà des frontières musicales établies, là où le free Jazz prenait ses racines, même si le génie et le talent de ce dernier ne reste pas comparable à celui de ses maîtres.