Deux ans après "End Of Ecclesia", Robin Amstrong (le seul membre de Cosmograf) a réussi à attirer à lui l’intérêt d’un label de poids pour distribuer "When Age Has Done Its Duty" et F2 ne s’y est pas trompé en enrôlant le britannique. Pour ce troisième opus, Robin s’est entouré de nombres d’intervenants mais c’est bien le maître du vaisseau qui a composé (à l’exception de "On Which We Stand" co-écrit avec Simon Rogers –qui d’ailleurs joue de la 12 cordes sur ce titre-), mixé et produit cet album. Basé sur le concept du processus de vieillissement et l’impact du poids des années qui font évoluer l’homme au cours de sa vie, Robin Amstrong s’est inspiré de ses mémoires familiales pour proposer un enchaînement de titres sur ce thème.
Largement basé sur des rythmes lents joués au piano, usant de chœurs gospeliens et déchirés deux fois en son sein par une approche plus électrique (avec un solo de 6 cordes rageur dans la seconde), le premier épique situe rapidement l’auditeur dans l’ambiance dans laquelle il va voyager pendant une heure. Il y a un peu du Porcupine Tree période "Signify" qui ressort de cette entame.
La deuxième longue composition éponyme est introduite par une narration ("Growing Old") de près de trois minutes dans la même veine de celle que Nick Barrett a utilisé sur "The Wishing Well" (de l'album "Believe"), procédé décrié en son temps par certains réfractaires mais si important pour faire passer des émotions. La suite est plus traditionnelle avec, au chant, Steve Thorne évoluant dans une ambiance proche de ses propres livraisons à savoir des atmosphères ouatées mid-tempo bercées de piano et de nappes de claviers où interviennent par intervalles réguliers des soli de guitares classiques ou électriques. Ce titre éponyme est LE grand moment de ce disque pouvant arracher quelques larmes aux plus sensibles.
Outre ces deux pièces majeures, l'album propose une grande variété de titres tels le lourd et puissant "Bakelite Switch" doté d’un solo de 6 cordes de Luke Machin (The Tangent), la ballade chantée par Huw Lloyd-Jones (Unto Us) quelque part entre Kaos Moon et Ulysses ou bien le lent "On Which We Stand" soutenu sur la longueur par une 12 cordes et un orgue et finalisé par un solo de guitare électrique portant au sommet cette composition.
De nombreux effets sonores sont utilisés pour introduire (ou conclure) les différentes morceaux, chacun ayant la particularité de résumer en quelques secondes un souvenir de la vie de l’auteur (la bouilloire qui siffle, l’électrocardiogramme plat, la fête de village, les enfants qui jouent, le forgeron qui frappe sur l’enclume). Et comme Cosmograf ne se cantonne pas aux sons de guitare 12 cordes, orgue et autres guitares électrique, "White Light Awaits" s’oriente plus vers des accents ambient/synthétique tout en gardant une composante progressive avec un break central très électrique.
Robin Amstrong ne déçoit pas non plus lorsqu’il se place derrière le micro puisque sa voix arrive à se faire suave et mélancolique (le très beau trio guitare acoustique/synthés/voix) sur le titre final, théâtrale ("Into This World") ou presque monocorde ("On Which We Stand"). Certes ce n’est pas son terrain de prédilection comparé aux deux intervenants à ce poste mais ce n’est pas un point faible non plus.
Finalement "When Age Has Done Its Duty" est un bien bel album de rock progressif que l’on pourrait taxer de "à l’ancienne" si le talent de Robin Amstrong n'était pas là pour lui permettre de se démarquer. Il est évident que cet opus mérite plusieurs écoutes pour en faire le tour compte tenu de la richesse présente en son sein ce qui est bien souvent une preuve de réussite. Et si cette chronique fait référence à beaucoup de groupes ce n’est pas pour tirer sur l’ambulance mais plutôt pour argumenter et vous aider à faire une idée de la qualité de cet opus. Assurément un de mes coups de cœur de 2011 !