Drôle de personnage que ce Nicolas Meier, guitariste virtuose ayant surtout fait ses preuves dans le domaine du jazz, et qui le temps de brancher sa Music Man 7 cordes devient le leader d’un Seven7 dans la plus pure tradition métal progressif. La sortie du nouvel album de Seven7 est donc l’occasion de deux découvertes : un groupe talentueux et un musicien atypique.
Seven7 est la facette « métal » de Meier déjà compositeur d’un premier album, Try Something Different, passé complètement inaperçu à notre grande surprise. Nous nous devions de réparer cette erreur avec ce deuxième album Under Eye, surtout qu’à l’écoute de cette bombe cette omission est très surprenante.
On peut parfois se demander comment des groupes jugés médiocres arrivent à se faire entendre du plus grand nombre alors que d’autres formations très talentueuses restent confinées dans la confidentialité. L’effet de surprise est total car Seven7 ne propose pas moins que le meilleur album de power métal progressif de ce début d’année 2011. Under Eye est une pépite de 53 minutes qui contient neuf titres qui sont autant de démonstrations de métal progressif puissant, à la limite du trash parfois, extrêmement bien construits et brillants de mélodie. Imaginez la synthèse de Redemption (en moins complexe), Evergrey (en moins gothique) et Black Label Society pour les guitares incisives. Tout comme les américains de Slavior, qui nous avaient offert un excellent album en 2007, Under Eye fait montre d’un talent éclatant de facilité à développer des morceaux denses mais directs avec tout ce qu’il faut de technique instrumentale. Et ce n’est pas la virtuosité de Nicolas Meier qui impressionne le plus mais son toucher qui sait autant être brulant comme un Zakk Wylde en manque de houblon ou léger comme le jazzman qu’il est avant tout.
Si les premiers titres font mouche dès la première rotation de galette « You Can Have It » ou « Wanna Be » se livrent moins facilement et offrent un excès de puissance parfois au détriment de la mélodie. Au milieu de tous ces titres taillés dans le granit, « Forgive » est particulièrement original puisqu’il se calque sur le thème mélodique du morceau de musique classique « In The Hall Of The Mountain King » d’Edvard Grieg. Enfin, variant les formats pour le dernier morceau « Under Eye » qui lorgne vers les dix minutes, Seven7 offre une texture toujours aussi métallique ponctuée de moments plus nuancés. Tous ces morceaux sont excellemment portés par la gouaille de Dave Brown proche du bucheron Zakk Wylde.
Seven7 est donc une vraie révélation. De ces albums que l’on n’attend pas et qui se révèlent presque indispensables à l’amateur de gros son et de refrains mélodiques. La synthèse de ce son si abrasif et de cette orientation harmonique à quelque chose de très original et que l’on ne retrouve pas si souvent dans la sphère progressive moderne. Un indispensable de 2011.