Il aura fallu moins d'un an à Black Country Communion pour remettre le couvert, chose suffisamment rare aujourd'hui pour être mentionnée. Mais Hughes croit en BCC, il veut tourner, jouer et défendre son nouveau groupe. Et puis il veut enfoncer le clou définitivement, BCC n'est pas le groupe d'un seul album ! Alors, il écrit, beaucoup et vite (bien plus vite que ses camarades) et signe à lui seul la majorité des titres. Pour les apports extérieurs on citera surtout Kevin Shirley et bien sûr Bonamassa.
Encensé dans de nombreuses chroniques comme un exploit surpassant aisément un premier album pourtant énorme, nous serons quant à nous un peu plus réservé. Attention, "déception" serait un bien trop grand mot, voire une offense à ces monstres sacrés du Rock et à la qualité de ces titres qu'envieraient de nombreux groupes. Mais si "explosif" pouvait définir en un mot le premier album, nous lui préférerions ici le terme "massif" ou "épique". Et tout y contribue : Le son de Shirley est énorme et les mid et slow-tempo pullulent, avec une sacré envergure, impressionnante et sombre. Pourtant, l'introductif single qu'est 'The Outsider' révèle un véritable feu d'artifice comme 'Burn' pouvait en offrir à l'époque. Plus Hard que Rock et plutôt véloce, le refrain et les duels clavier/guitare (Sherinian est bien plus présent tout au long de l'album, écoutez son solo sur 'I Can See Your Spirit') vont ravir plus d'un fan des Heavy 70's.
Dans cette veine plus dynamique, nous retrouvons aussi l'hymnesque 'Smokestack Woman' avec son couplet early Led Zep, son refrain à la Purple et un lumineux solo de Bonamassa, 'I Can See Your Spirit', très Rock n' Roll (pont ternaire, batterie qui déraille, duels clavier/guitare et déluge de notes), ou encore l'irrésistible (et plus moderne dans ses claviers) 'Crossfire' et ses ambiances RedHot que Hughes a du piquer à son ami Chadd Smith.
Ici, vous vous en serez douté, les références à Purple et Led Zep abondent mais c'est tout l'effet recherché. Ainsi, le côté Folk de 'Man In The Middle', réhaussé d'un refrain percussif fera son petit effet. Bonamassa, époustouflant sur chaque titre, s'approche de la barre placée par Blackmore. Il transcende un 'Save Me' épique et lourd que Jason Bonham avait composé avec Plant, Jones et Page. Réarrangé par Hughes qui chante ici un ton en dessous pour un rendu très Rock, il est avec son refrain magistral et orchestré l'un des meilleurs moments de l'album. Toujours dans cette ambiance plus sombre qui caractérise l'album, 'Faithless' est fortement marquée par l'emprunte de Hughes. Transpirant la souffrance, cette ballade ornée de violons qui pleurent assure sans pour autant atteindre des sommets. Enfin, le bluesy 'Little Secret' et 'Ordinary Son' (Bonham magistral, la basse qui martèle et un solo d'orgue inspiré) se laissent doucement apprivoiser.
En gagnant en consistance et en cohérence, Black Country perd un peu en magie. Mais chaque musicien semble avoir désormais trouvé sa place, gagnant en puissance et en présence. Si chacun pouvait apporter une réelle contribution aux prochaines compos, rendant l'ensemble encore plus riche, le troisième album pourrait faire des ravages chez les fans de ce bon vieil Hard Rock vintage ! Mais ne boudons pas notre plaisir et sachons profiter de ce nouveau très bon moment, en attendant le DVD Live pour l'automne !