Formé à San Diego par Stephen Pearcy en 1976, Micket Ratt devient Ratt en 1981 après avoir migré à Los Angeles. Si Pearcy reste le seul membre d’origine du combo californien, il est à noter le passage dans ses rangs du guitariste Jake E. Lee (Rough Cutt, Ozzy Osbourne) alors que l’actuel bassiste, Juan Croucier arrive des rangs de Dokken. Voilà qui a tendance à prouver que les rongeurs sont déjà bien implantés dans le paysage musical métallique local.
Une fois passé le spectacle des charmantes jambes de l’actrice Tawny Kitaen (alors girlfriend du guitariste Robbin Crosby) qui s’affiche en couverture de ce premier témoignage discographique du quintet US, nous avons affaire à un Hard-Glam US à la personnalité déjà bien affirmée, porté par la voix de son leader, à la fois vicelarde et négligée, mais toujours dynamique et appuyée. Derrière lui, la paire de guitariste est extrêmement prometteuse, alignant riffs et soli de premier ordre, Crosby œuvrant dans un registre plus bluesy, alors que le jeune DeMartini fait quant à lui la démonstration d’un toucher époustouflant ("You Think You’re Tough"). Côté rythmique, la paire Croucier / Blotzer fait preuve à la fois de technique et de dynamisme. Le batteur se met immédiatement en valeur sur les premières mesures d’un "Sweat Cheater" rapide et tranchant alors que le slapping de Croucier sur "Back For More" ne laissera pas indifférents les amateurs de technique.
Ce "Ratt" se voit donc composé de 5 compositions et d’une reprise du "Walkin’ The Dog" de Rufus Thomas (1963), déjà joué par de multiples références (Rolling Stones, Dr. Feelgood, etc…) mais dont l’interprétation vise ici essentiellement à rendre hommage à la version d’Aerosmith sur son premier album éponyme (1973). Bien que le son soit relativement cru, le Hard-Rock de Ratt donne une impression policée tant chaque titre semble s’écouler sans accroc, mais pas sans accroche… Les refrains rentrent ainsi rapidement dans la mémoire immédiate alors que les soli sont superbement cinglants. Le tempo reste relativement élevé que cela soit sur "Sweat Cheater" ou sur un "U Got It" qui fera des ravages pour lancer les concerts des Californiens. Cependant, si "Back For More" est un mid-tempo qui traine un peu trop en longueur, Ratt semble prendre toute son envergure sur des titres toujours dynamiques mais un peu moins rapides tels que "You Think You’re Tough" et surtout l’efficace "Tell The World".
Sans révolutionner le genre, Ratt s’impose cependant d’entrée comme un groupe à la forte personnalité et au caractère bien trempé avec lequel la scène Hard-Glam US va devoir compter, et la suite de sa carrière ne devrait pas trahir les bonnes impressions laissées par ce premier Ep d’une qualité supérieure. Alliant le côté sale des égouts fréquentés par son emblématique rongeur, et celui plus chatoyant et coloré du Glam, Ratt a déjà marqué son territoire.