Malgré des choix parfois discutables, Adipocere (notamment via sa sous-division Oaken Shield), aura permis à de nombreux groupuscules de vivoter, leur offrant le sésame vers une production professionnelle. La fin de son activité de label (il reste néanmoins un vpciste passionné) aura malheureusement entraîné la disparition ou la mise en sommeil de nombreux d'entre eux. C'est le cas d'Animus Herilis (R.I.P.), d'Aes Dana (désormais hébergé chez Trollzorn), de Evohé (toujours en quête d'un label) ou d'Abîme dont seul cet Echos de gloire aura eu la chance d'atteindre nos oreilles, les Lyonnais ayant splitté par la suite. Il va sans dire qu'on ne peut que le regretter tant cet unique jet séminal trahit un potentiel qui n'aura pas eu le temps de s'exprimer.
Comme son visuel en noir et blanc le suggère, cet album exalte la puissance cryptique du pur Black Metal épuré et malsain dont il aligne tous les invariants aussi bien dans la forme (chant hurlé, guitares polluées et ferrugineuses...) que dans le fond (glorification de la haine, de la guerre et de l'élitisme comme combustible) sans oublier une prise de son (forcément) cru et 100% True, laquelle reste malgré tout assez clair, évitant de s'embourber dans la bouillie dégueulasse.
Œuvre assez courte bordée par une intro et une épilogue, Echos de gloire délivre six charniers encore fumant qui, s'ils n'échappent parfois pas à un air de déjà-entendu, comme c'est le cas de "Death For The Slave", bon titre au demeurant, réussit néanmoins à écorcher la peau comme le genre le réclame, et ce grâce aux traits obsédants que ses riffs dont on suit le périple sur ce champs de bataille ensanglanté, arborent. Témoin, le rapide "Constellation du sens", qui fait son trou en dépit d'un manque d'originalité évident. Ce n'est pas grave. Surtout, Abîme s'impose lorsqu'il serre le frein à main, dressant alors une turgescence noire frémissant d'une négativité absolue. "Ode à la haine" et plus encore "End Of Hope, Begin Of The Conquest" sont de reptiliennes perles sinistres qui vous empoisonnent de leur fluide malsain.
Modeste réussite peut-être, mais il n'en demeure pas moins que Echos de gloire reste encore, six ans après sa conception, une bonne petite cartouche de True et Raw Black Metal chargée de fiel, nous faisant regretter que ses auteurs aient - semble-t-il, totalement disparu des écrans radars, ces derniers avaient très certainement encore des choses à dire...