Avec un nom pareil - “Le Tribunal d’Odin” - l’auditeur pourrait imaginer avoir affaire à un groupe scandinave de pagan metal... Perdu ! Odin’s Court est un groupe de “simple” metal à coloration progressive, originaire du Maryland (côte nord-est des USA). Le quatuor américain en est, avec ce “Human Life in Motion”, à son quatrième effort, basé autour d’un concept assez nébuleux, l’esprit humain et ses expériences, une notion qui autorise commodément toutes les divagations.
Dans un genre où la concurrence est nombreuse, puisque le groupe se réclame de Symphony X, Spock’s Beard, Sonata Arctica, Enchant ou Devin Townsend, le souci est d’arriver à se démarquer des productions ambiantes. Les compositeurs (le guitariste-chanteur Matt Brookins et le bassiste Craig Jackson) nous livrent des titres plutôt courts, mais se sont attachés à varier les ambiances aussi bien entre les morceaux qu’au sein des compositions.
Basé sur une solide assise technique, Odin’s Court décline un rock metal de facture classique, avec une section rythmique très en avant : les claviers font pratiquement de la figuration, avec notamment des sons de synthé assez uniformes et quelques touches de piano. Ainsi les guitares sont-elles logiquement à l’honneur, soutenues par une basse très musicale (Craig Jackson, remarquable) et une batterie souvent trop présente et très mise en avant, ce qui a parfois pour effet d’étouffer l’ambiance (‘Feathered We Fly’, ‘There Then Here Again’). Difficile dans ces conditions pour le chanteur d’exister, d’autant que Matt Brookins compense une signature vocale assez quelconque par des vibratos excessifs dans les passages calmes (‘Blackstop Southbound’, ‘Leaving Chicago’). Il nous livre en revanche quelques soli de guitare fort bien troussés et techniquement sans reproche (‘Blue Line’, ‘The Wrong Turn at the Right Time’).
A côté de l’effort louable de diversification déjà décrit, Odin’s Court a le travers de compliquer la rythmique pour enrichir le propos. Or, s’il n’est pas très compliqué, avec les moyens modernes, de produire du "gros son", encore faut-il que le fond mélodique soit présent, et les lignes vocales sont ici la plupart du temps trop minces pour que l’auditeur n’entende autre chose que de la technique. Et c’est en fin d’album, sur l’intrumental de ‘Leaving Chicago’- la partie vocale est à oublier - , qu’Odin’s Court nous livre son meilleur passage, enfin clairement lisible, avec un solo de guitare bien lancé par une accélération astucieuse, et placé sur une rythmique pour une fois simple et bienvenue. Dans ce “Human Life in Motion”, c’est paradoxalement le seul titre non-metal de ce groupe de metal qui sonne le mieux !
En somme, “Human Life in Motion” prouve, si besoin était, que la musique a besoin de transmettre de l’émotion et non pas seulement d’empiler les éléments techniques pour atteindre l’auditeur : rien de neuf sous le soleil du métal !