A ses débuts, véritable tête chercheuse en matière de Doom mortuaire (Until Death Overtakes Me), bizarre (Aarni) ou franchement autarcique (Tyranny), Firebox ne pouvait pas passer à côté de son compatriote Ablaze In Hatred, auquel il n'aura fallu qu'une seule et unique démo (Closure Of Life) pour se faire remarquer et finalement graver dans la roche froide un premier album. Et comme parler de Doom finlandais tient du pléonasme, la qualité est encore au rendez-vous avec ce Deceptive Awareness dont le socle est formé des trois titres apparaissant sur la démo, que complètent quatre autres pistes.
Entendons-nous bien, Ablaze In Hatred n'invente rien, se contentant de creuser un sillon que Shape Of Despair a déjà façonné avant lui, dont il gomme toutefois les atours les plus ambient et funéraire mais il le fait avec une telle maîtrise que même le suicidaire le plus exigeant y trouvera de quoi nourrir généreusement son spleen infini qu'il rumine avec un plaisir masochiste. Dès l'introductif 'Lost (The Overture)', égrené par de squelettiques accords et un tapi de claviers, une chape de plomb s'écrase sur nous, amenant avec elle une nuit sans fin, comme celle de ces terres boréales.
Mais, grâce à cette science du riff entêtant ('When The Blackened Candles Shine' et 'To Breath And To Suffocate', où les lignes de guitare fonctionnent comme des vigie perçant la brume), plus britannique que Finlandais, prouvant que le groupe s'approvisionne aussi du côté du UK Doom (Death) des années 90, que My Dying Bride et Anathema ont inscrit dans le disque dur de nombre de formations d'aujourd'hui, c'est toujours les traits les plus mélodiques qui l'emportent face à une dépression qui affleure plus à la surface d'une cathédrale qu'elle en forme les arcs-boutants. 'Closure Of Life' ou bien encore 'Ongoing Fall', malgré une entame écrasante, témoignent de cette exonération des émotions trempées dans la noirceur la plus abyssales dont sont généralement coutumiers les chantres du Funeral Doom finlandais. De là à dire que Ablaze In Hatred est un joyeux drille, il y a bien entendu un pas que nous ne franchirons pas, tant sa musique suinte une inexorabilité bien réelle, seulement ce Doom Death s'avère en définitive plus accessible, ce qui n'est absolument pas un reproche, bien au contraire, seulement un (relatif) avertissement pour qui penserait y trouver une corde pour se pendre.
Glacé et impeccable, Deceptive Awareness s'impose comme une très belle offrande dont l'éclatante réussite ne saurait être remise en question. Son successeur, d'une profondeur plus granitique, The Quietude Plains enfoncera encore davantage le clou dans le cercueil...