Bien qu’il n’ait pas cessé de faire parler de lui, musicalement (en témoigne une véritable diarrhée de EP et de splits en tout genre – au moins six - partagés avec Behexen ou Evil) ou non (on pense bien sûr à son renvoi de la programmation du Hellfest 2011 afin d’éviter au festival une polémique malvenue), cela fait pourtant longtemps que Satanic Warmaster ne nous avait pas rendu une longue visite, depuis 2005 en fait, et son troisième blasphème, Carelian Satanist Madness. C’est pourquoi l’annonce (enfin !) d’un nouvel opus était attendue par tous les inconditionnels de cette entité culte du Black Metal finlandais dont le principal membre répond au poétique sobriquet de Satanic Tyrant Werwolf (ça ne s’invente pas), accessoirement ancien chanteur d’Horna entre 1996 et 2001.
Contre toute attente, Nachzehrer, méfait très court d’une petite quarantaine de minutes pour huit pistes (dont une intro et une conclusion électronique), creuse un charnier identique à ses prédécesseurs, dévoilant un art noir sale comme une plaie purulente. La prise de son, dont le dépouillement confine à une forme d’ascétisme sonore, participe de la négativité grésillante d’un ensemble qui privilégie les mid-tempo aux saillies sauvages. Aux secondes, représentées par "Satan’s Werewolf" ou "Vampires", on leur préfèrera donc les premières, dont les plus démoniaques spécimens sont "Bestial Darkness" et son orgue diabolique en guise de préliminaires, "One Shining Star", qu’irriguent des accords obsédants, et surtout "Rotting Raven’s Blood", lancinant sabbat qui imprime de profonds stigmates dans la chair, soit toute la seconde partie du menu.
A sa manière un peu rustre, Nachzehrer est une leçon car malgré les apparences, il n’y a aucune approximation dans le True Black Metal qu’il régurgite avec une science éprouvée, calculée et faussement bordélique. Avoir un son à la fois dégueulasse et compréhensible, vomir des riffs pollués macérant dans la bouillie mais guidant néanmoins le pèlerin, ne sont pas des traits si aisées à exalter. Mais, il va sans dire que Satanic Warmaster les maîtrise à la perfection, ce qui lui permet de surnager toujours bien au-dessus des étrons confondant trop souvent médiocrité et primitivité que cette sous-chapelle déverse avec largesse.
Décevant lors des premiers va-et-vient, Nachzehrer finit par la suite par offrir son intimité caverneuse et sa sinistre beauté, faisant de lui une œuvre à la hauteur de l’aura sulfureuse aux relents d’interdits dont jouit Satanic Warmaster, bête plus malfaisante que jamais.