12 titres en 30 minutes à peine. On ne parle pourtant pas là de Grindcore qui en aurait facilement mouliné le double, mais bien de Black Metal. Attention cependant, comme son nom et son logo, évidemment inspiré de ceux d’Hellhammer, l’ancêtre de Celtic Frost, le suggèrent, Dishammer vidange un Metal impie (forcément) primitif, dégueulasse et sans fioriture, ne s’embarrassant pas d’une quelconque prétention esthétisante.
Injectant une bonne dose de Thrash cradingue et de Crust à leur Black Metal, les Madrilènes vont à l’essentiel ; les compositions propulsées par une énergie digne d’une dynamo, défilent à la vitesse d’un torrent en crue, ne prenant jamais le temps de se poser, ne serait-ce qu’une poignée de secondes, exceptions faites du poétique "Pain In The Ass", qui réussit tout de même l’exploit de franchir la barre des quatre minutes au garrot, et de "Into The Bong", le reste de Vintage Addiction, première – et seule (à ce jour) - giclée d’une semence grumeleuse vidangée par le quatuor, fonçant pied au plancher.
Chaotique peut-être, s’amusant des clichés en vigueur, qu’il passe à la moulinette de textes qui ont la bonne idée de ne pas se prendre au sérieux ("Pain In The Ass" : fallait oser !), sentant bon les dessous de bras et habillé d’un son garanti sans OGM, l’album n’est pourtant pas aussi bordélique qu’il semble l’être car les musiciens maîtrisent leur art ( ?) et ne pataugent jamais dans le cambouis, se délestant de vraies compos dont on aime les mélodies un peu sales ("Age Of Disgrace"), le chant comme frotté avec du papier de verre et cette batterie explosive ("Wish Of Suffering"), quand bien même ils donnent l’impression de s’être ramenés en studio, d’avoir brancher leurs instruments pour balancer la purée, bruit de larsen compris ! Merci.
De toute façon, en misant tout sur une imagerie mêlant sexe et occultisme en noir et blanc (le livret est, à ce titre, parfaitement exquis), les mecs ne peuvent qu’être des hommes de goût ! Ce qu’ils sont assurément. Ce qui est sûr également, c’est qu’ils ne se montrent pas très productifs, ce que l’on ne peut que regretter, seul le EP Under The Sign Of The D-Beat Mark (2010), titre parodique emprunté au troisième méfait de Bathory (Under The Sign Of The Black Mark pour ceux qui prendrait le train du Black Metal en route), avec les débuts du quel ils partagent une vision rustre et punk identique, pouvant être considéré comme son (petit) successeur.
Jamais approximatif et sans prétention, ce qui est toujours agréable, Vintage Addiction donne envie de taper du pied et de jouer les vilains garçons, suintant un feeling animal quasi sexuel.