En dépit de son nom à consonance française, D’AccorD est un combo norvégien qui a pour objectif de capturer l’essence du prog du début des années 70. Au rayon des influences revendiquées, rien que du beau monde : Genesis, Yes, King Crimson, Queen, Pink Floyd, Jethro Tull, Deep Purple ou Uriah Heep. Avec “Helike”, D’AccorD livre son deuxième effort, un album ambitieux composé en toute simplicité de deux parties de vingt minutes, un concept très en vogue à l’époque, et donc une gageure risquée, celle de réveiller la flamme des grands Anciens du prog : pari gagnant ?
Côté références, les nostalgiques des early seventies ne seront pas déçus : la musique de D’AccorD recèle son lot de réminiscences attendues, des chœurs façon Yes, à la flûte à la manière de Jethro Tull, en utilisant des vocaux un brin théâtraux comme le Genesis des tout débuts, une guitare slide à la Pink Floyd, ou de légères dissonances et un sax à la King Crimson... Ce saupoudrage d’ingrédients rentre bien dans le cahier des charges, ainsi que l’esprit général des arrangements, volontairement assez simples. La production, plutôt plate, reste également dans l’esprit de l’époque, en soulignant le côté vintage des instruments.
Beaucoup d’éléments sont donc en place pour satisfaire les amateurs de musique progressive originelle, mais il manque le matériau principal : la dimension mélodique, le souffle épique. Plombé par des partitions vocales assez quelconques (notamment le début de la seconde partie, répétitive et mélodiquement très moyenne pendant près de six minutes), le chant de Daniel Maage pourra crisper par son coté sur-expressif et finalement assez daté. La comparaison avec d’autres groupes 70’s-like (Simon Says, Strangefish par exemple) met en évidence un manque d’inventivité et de modernité dans les arrangements qui fait tomber quelques passages dans une certaine candeur.
Pourtant l’ensemble s’écoute très facilement, avec des transitions bien menées et un intérêt qui arrive tant bien que mal à se maintenir sur la durée. Reste à comprendre quel intérêt il y a en 2011 à revenir quarante années en arrière : il n’est pas facile de raviver les mythes !