Au fil des albums, Redemption s’est peu à peu imposé en tant que leader du métal progressif américain. Deux raisons principales à cet état de fait. La première est que les pionniers du style, Dream Theater et Symphony X en tête, ont soit déserté le style pour une musique moins élaborée, soit perdu de leur superbe avec des albums sans réelle saveur. La deuxième raison est que Redemption n’a pas baissé d’un iota la qualité de ses réalisations et le nouveau disque qui sort, This Mortal Coil, en est la meilleure preuve. Redemption a rapidement trouvé son style et la constance est le meilleur des vocables pour qualifier le parcours sans faute du groupe. Les plus pointilleux reprocheront aux américains, avec raison, de ne pas se mettre en danger plus régulièrement.
En cette période chargée en sorties toutes plus attendues les unes que les autres, la critique va pouvoir enfin comparer les trois formations phares américaines puisque Symphony X a sortit un bon Iconoclast en début d’année et Dream Theater a retrouvé un peu de sang neuf avec Mangini et un encourageant A Dramatic Turn Of Events après une décennie en demi-teinte. This Mortal Coil est le cinquième album de la bande à Van Dyk et il réunit encore une fois un line-up stable et entièrement dévoué à donner corp aux créations du leader guitariste auquel la maladie n’a pas entaché la créativité.
Les thuriféraires de Redemption en seront, une nouvelle fois, pour leur frais et leurs attentes de puissance, mélodie et virtuosité instrumentale seront largement comblées. Les tracas de santé de Nicolas Van Dyk semblent avoir eu comme conséquence de donner encore plus de rage à ses compositions. A part deux titres qui tournent autour des dix minutes et qui offrent plus de diversités dans les ambiances, la grande majorité de l’album est axée sur un format court. A l’instar de Symphony X qui, depuis deux albums, raccourcit ses compositions pour se focaliser sur un métal progressif dénué de beaucoup de sa grandiloquence passée, Redemption fait clairement dans l’immédiat.
"No Tickets To The Funeral", "Blink Of a Eye" ou encore "Path Of The Whirlwind" sont des concentrés de pure puissance dans lesquels chaque instrument est à son maximum. Rien de révolutionnaire par rapport au prédécesseur Snowfall On Judgment Day, des titres directs, la power ballad un peu tarte à la crème "Let It Rain" et le final épique avec "Departure Of The Pale Horse". Encore une fois, les six membres de Redemption sont en ordre de marche avec un Ray Alder qui, s’il ne fait toujours pas l’unanimité parmi les critiques, marque de son empreinte vocale la musique du groupe.
Les américains de Redemption nous offret, une fois de plus, un album difficilement critiquable sur le fond. Pourquoi demander à un groupe de changer une formule quand celle-ci fonctionne à merveille ? La recette concoctée a encore plus de saveur en regard des productions actuelles qui s’évertuent à faire un simili de Dream Theater saupoudré de Symphony X sans trouver une vraie signature. Redemption est le groupe de métal progressif américain le plus régulier de ces dix dernières années. Là est peut être sa vraie performance.