Ca devait arriver... Après le plus gros carton du groupe en matière de vente ("1984"), l’alcool, les divergences artistiques et surtout les égos surdimensionnés, David Lee Roth quitte Van Halen pour se lancer dans une carrière solo, emmenant avec lui le producteur Ted Templeman. Alors que Patty Smyth (Scandal) et Jimmy Barnes (Cold Chisel) sont pressentis pour le remplacer, c’est finalement Sammy Hagar, le frontman de Montrose, qui rejoint le groupe par l’entremise du… garagiste d’Eddie !
Le résultat de cette nouvelle coopération est un "5150" (prononcer Fifty-One-Fifty) à la pochette aussi hideuse que révélatrice de l’égo d’Eddie. Car en plus du colosse huilé qui orne ce visuel, le titre de ce nouvel opus est également le nom du studio personnel du génial guitariste (et également le code de la police californienne pour signaler les personnes mentalement dérangées…). Heureusement pour lui, Sammy Hagar a une expérience artistique qui en fait un frontman déjà réputé ainsi qu'un caractère assez souple pour pouvoir cohabiter avec le guitar-hero. Ainsi, il impose sa personnalité dès ce premier album au sein de Van Halen, sans pour autant entrer en conflit, offrant même la possibilité à ce dernier de s’installer plus souvent derrière les claviers qu’il affectionne de plus en plus, Hagar étant également un très bon guitariste.
Nous avons ainsi à faire à un Van Halen réussissant le délicat exercice d’évoluer sans révolutionner son style, tout en imposant son nouveau chanteur. Après l’imparable cri de Sammy ouvrant l’efficace "Good Enough" d’un tonitruant ‘Hello Babe’ qui restera dans les annales, le carré magique alterne titre directs et sucreries FM tentant de prolonger le succès de "Jump" et "I’ll Wait". Si la réussite est au rendez-vous d’un "Why Can’t This Be Love ? " au riff de claviers et au refrain accrocheurs, et d’un "Dreams" parfaitement calibré pour les ondes US sans y perdre en efficacité, "Love Walks In" se révèle très moyen. Le reste est majoritairement réussi et le dynamisme est au rendez-vous avec un "Get Up" hyper rapide rappelant "Hot For Teacher", un "Summer Night" groovy à souhait ou un "Best Of Both Worlds" au riff très AC/DC.
Dommage que "5150" (le morceau) manque d’accroche et que l’obsédant "Inside" soit trop lourdeau, car sans la baisse en intensité de ce dernier tiers d’album, nous tenions sans aucun doute un opus capable de tenir la dragée haute à son prédécesseur. A découvrir sans apriori !