Bien mal m’a pris de classer l’album éponyme de Taking Back Sunday dans la catégorie « rock universitaire américain », catégorie qui n’existe que dans mon esprit pour qualifier ces groupes typés Sum41 et consorts. En réalité Taking Back Sunday, dont j’ignorais l’existence, est un groupe de trentenaires qui officie depuis une bonne décennie avec un certain succès outre-Atlantique. Taking Back Sunday, produit par Eric Valentine (Queens of the Stone Age, Good Charlotte…), est le cinquième album des américains et il s’avère être plus complet qu’un simple album d’adolescents s’ennuyant dans les campus américains.
Les musiciens de Long Island puisent leurs inspirations dans le rock alternatif américain mais aussi le rock indépendant anglais. Leur recette est un genre qui allie la fougue du punk dans un enrobage pop.
Les compositions font souvent penser aux écossais de Biffy Clyro mais sans le génie de ces derniers ("Call Me In The Morning", "It Doesn’t Feel A Thing Like Falling" ou "Faith") et s’aventurent dans des contrées plus « extrêmes » avec des vocaux criés du meilleur effet ("El Paso"). Dommage que cette orientation ne soit pas plus souvent choisie et que le quintet se cantonne à des formats courts privilégiant l’immédiateté. Les américains ont eu le bon goût d’éviter la faiblesse de la ballade langoureuse en prenant le parti de mid-tempos plutôt bien réussis ("Since You’re Gone" et "Sad Savior"). Une caractéristique à mettre au crédit de Taking Back Sunday est sa belle propension à mêler les vocaux. Adam Lazzara et John Nolan sont parfaitement en accord sur bons nombres de titres pour une valeur ajoutée non négligeable ("El Paso", "Who Are You Anyway").
Un peu moins de quarante minutes et tout est presque dit avec cet album efficace qui ne prend que peu de risque. Les titres sont bien écrits et bien exécutés mais le génie n’y est pas. On est bien loin d’un Biffy Clyro qui a tout compris au rock indépendant avec des formats courts et une composition mélodique brillante. Taking Back Sunday donne juste ce qu’il faut pour rester bien placé dans les classements de vente anglo-saxons et contenter son public. On reste persuadé que les américains sont capables de sublimer leurs compositions en prenant quelques risques quitte à déstabiliser sa fan-base. Taking Back Sunday semble avoir choisit son camp.