Régulièrement, la planète (Hard) Rock voit son' érectomètre' s’affoler grâce à l’arrivée d’un trublion réussissant à (ré)concilier qualité et succès commercial, tout en payant un évident tribut aux dinosaures du genre dont on cherche toujours de durables héritiers. On pense bien entendu à The Black Crowes il y a plus de vingt ans maintenant (cela ne nous rajeunit pas...) ou à The Darkness plus récemment. Black Stone Cherry est également de ceux-ci, auquel il n’a fallu qu’un seul album – mais quel album ! – pour imposer son Rock vaguement dur nourri d’effluves sudistes.
Pourtant, et comme souvent, malgré les apparences, le succès des Américains ne leur ai pas tombé dessus par un simple coup de baguette magique. Formé en 2001, ils ont attendu plusieurs années pour graver un premier EP alors qu’ils sont encore au lycée. Puis c’est le triomphe de l’œuvre éponyme. Le groupe réussira-t-il à faire mieux par la suite ? Ce n’est pas le cas pour l’instant. Il faut dire aussi que lorsque la barre est placée aussi haut d’entrée de jeu, il paraît ensuite difficile de dépasser cette dernière.
Car Black Stone Cherry (l’album et le groupe) est le fruit d’une recette irrésistible concoctée par quatre garçons dans le vent et reposant sur plusieurs ingrédients. Tout d’abord le chant du guitariste Chris Robertson, dont le timbre légèrement rocailleux et sexy pourra évoquer l’organe immense de David Coverdale ("Maybe Someday"). L’homme est pour beaucoup dans le charme et la puissance qui se dégage de cet ensemble séduisant qui peut compter aussi sur une assise rythmique du feu de dieu ("Blackwoods Gold" : énorme), une poignée d’arrangements (les claviers de "When Their Weight Comes Down") et surtout sur une écriture savamment dosée entre une pincée de Hard seventies, un doigt de Rock bluesy et une lampée sudiste (l’intro façon Slide de "Crosstown Woman"), le tout (trop) calibré pour les ondes et le kid américain recherchant quelques sensations fortes mais pas trop quand même.
Le résultat est donc cette brochette d’hymnes tous plus imparables les uns que les autres, à la croûte sonore très propre et à peine salie par quelques scories plus épaisses, de "Rain Wizard" dont les premières mesures et le riff qui lui sert de colonne vertébrale ne sont pas près de vous quitter, à "Shooting Star" en passant par "Rollin’on" sans oublier tous les titres déjà cités plus haut. Et si le quatuor a le bon goût de ne pas se prendre pour le médiocre Nickleback, préférant miser sur la décharge électrique plutôt que sur des roucoulades dont on n’a que faire et ce, bien qu’il maîtrise assez bien l’exercice comme l’illustre par exemple "Tired Of The Rain", il lui manque toutefois ce grain de folie, cette espèce de magie, de génie également pour qu’il puisse prétendre être le nouveau Led Zep ou Lynyrd Skynyrd auxquels certains seraient tenter de la comparer. Mais ne boudons pas notre plaisir et reconnaissons la tenue exemplaire de ce premier jet impeccable tout du long, à peine affadi par une dernière partie moins remarquable.