Enfanté en 1988, Cianide n'a de fait pas attendu l'actuelle effervescence autour du Death Metal baveux et surtout bien Doom aux entournures pour sculpter dans les boyaux des riffs rugueux et des histoires de zombis le tout capturé au ralenti et pataugeant dans la gadoue. Pourtant, la faute à une activité en berne depuis 2005 et un cinquième opus, Hell's Rebirth, c'est bien ce que risquent de croire les puceaux venant juste de découvrir que le metal de la mort pouvait se conjuguer autrement qu'avec une rapidité supersonique.
Mais, alors qu'on ne les attendait plus vraiment, les Américains, toujours menés par la paire indéboulonable formée par Mike Perun (chant et basse) et Scott Carroll (guitares), se rappelent à notre bon souvenir et dégoupillent une nouvelle grenade qui prouve qu'ils n'ont (toujours) rien à envier à personne en terme des tempos plombés et de voix caverneuses façon gorges profondes.
Immuable et éternel, Gods Of Death aurait aussi bien pu être gravé il y a 20 ans, c'est ce qui en fait tout le charme. Nostalgiques peut-être, anachroniques certainement pas, ses auteurs ne se contentent pas de réciter une leçon bien apprise ni à rendre hommage à quiconque vu qu'ils étaient déjà là lorsque Entombed ou Asphyx lâchaient leurs premiers rôts. Toute la différence est là. Gods Of Death possède l'assurance tranquille de musiciens qui ont du métier et connaissent le genre jusque dans ses moindres de replis de chair avec en sus cette touche US à la peau velue comme celle d'un bûcheron.
Garanti sans OGM et donc roots de chez roots, l'album démontre que Cianide n'est pas de ceux que vous surprendrez un jour en flagrant délit d'émancipation, ne s'écartant jamais des rails qu'il emprunte depuis longtemps. S'il peut parfois accélérer le rythme de ses coups de boutoir, témoin ce "Rising Of Beast", forcément bestial, le groupe n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il dresse une turgescence épaisse, implacable et ne dépassant pas la seconde. Les longs "The One True Death", "Dead And Rotting", que cisaille en son final un solo au goût de cendres ou "Forsaken Doom" sont ainsi comme des enclumes qui arrachent la tapisserie et vous écrasent tel une chape de plomb avec leurs relants d'apocalypse.
Gods Of Death n'est certes pas le meilleur charnier que le genre nous ait offert, toutefois l'amateur appréciera sans modération...