Pas si prévisible que ça, notre trio de virtuoses. On découvre avec ce super-groupe composé de pointures de la scène metal que leurs influences sont aussi ancrées dans le jazz-rock des années 70 et 80 et qu'ils goutent les musiques du monde.
Rappel obligatoire des cv : John Macaluso, sorcier des fûts, qui a explosé avec Ark, non seulement un monstre de technique, mais aussi de créativité, il a joué avec TNT, Malmsteen, Riot. Randy Coven : basse hero à l'américaine, beaucoup plus démonstratif que Stu Hamm, a joué avec Malmsteen aussi, Brian Setzer (!), des tonnes de shredders, et a monté un autre trio guitare (Pitrelli) basse batterie (O'Reilly). Enfin Alex Masi, le seul à n'avoir pas vraiment joué en groupe, cantonné à ses albums solos, soit de metal (avec ou sans chant) soit instrumentaux, dont deux d'adaptation de Mozart et Bach.
Le groupe alterne compos furieuses (l'intro "ritual factory", ou "ray-gun" et son rythme labyrinthique) et plages éthérées. Les fans de Ark devraient adhérer sans problème. Mais aussi les amateurs de mesures impaires, de breaks incroyables (les passages pur jazz dans "dead monkey road") et de solos de basse (Coven sur "ray-gun"). MCM adapte le jazz-rock à son savoir-faire metal, le tout sans limite stylistique.
Deux titres sont dans la droite lignée de "3rd stone from the sun" d'Hendrix : "sadhu S jewel" et "Dream Of Little Ground Fire". On navigue alors dans les limbes vaporeuses de la fin des années 60 avec sur le premier nommé des influences indiennes du meilleur effet.
La reprise de "black market", de Weather Report, apporte un exotisme samba rafraichissant, de même qu'un hommage visible à une légende de la fusion. C'est le titre le plus accessible avec "brozo", dans lequel Masi alterne son clair et saturé avec un souci constant de mélodisme.
On pense aussi à Jeff Beck sur "the whole life", à l'élégance raffinée. Feu d'artifice en fin d'album avec "red quantum", à la fois aventureux, totalement déjanté et terrassant de complexité. On y trouve aussi un ingrédient qui apparaît sur le morceau précédent, des voix, très bien intégrées à la trame générale.
Avec une telle carte de visite, on attend une vraie carrière de groupe, avec concerts à la clé. Mais est-ce la volonté de ces musiciens surbookés ?