Autant l’avouer tout de suite, chanteuse depuis 2004 et l’inégal SemiDevilish des médiocres Darzamat, groupe polonais toujours en maraude quelque part vers un genre à la mode (black sympho, metal gothique…), nous n’attendions donc pas grand chose de la première caresse en solitaire de Agnieszka Gorecka, plus connue sous le surnom de Nera et ce, même si la jeune femme à elle seule a sauvé de l’ennui - en contribuant à durcir son écriture - les trois derniers albums de son principal port d’attache.
Or, contre toute attente, Foresting Wounds est une excellente surprise. Il l’est même tellement que l’on en viendrait presque à souhaiter que la belle abandonne Darzamat dans lequel elle est obligée de faire copuler sa voix avec celle – insupportable – de Flauros, aussi inutile qu’un Andrea Ferro au sein de Lacuna Coil, alors que sa présence vocale est suffisante pour exister par elle-même sans avoir besoin d’un chant masculin pour la souligner.
Son jardin secret, NeraNature, dont on espère qu’il ne sera pas une création éphémère, est le théâtre d’un Gothic Metal moderne et suave à des années-lumière du symphonisme pompier et vulgaire bricolé maladroitement par son habituel employeur. Presque Pop par moment mais néanmoins toujours carossé avec de gros riffs ("Oblivion", "Broken"), Foresting Wounds est une séduisante collection de morceaux efficaces et variés, oscillant entre puissance ("Some Air") et atmosphère ("Woman’s Soul", "Before", délicieusement hypnotique), tavelées de touches légèrement electro ("Dormant") et dont certains se révèlent être de petits bijoux de composition et d’ambiance, ciselés avec un souci mélodique louable. Le lourd et rampant "Shattered", porte d’entrée qui met tout le monde d’accord en moins de trois minutes et "Previous Now", notamment, augmentent la valeur ajoutée d’un opus où la maîtresse des lieux se montre toujours à l’aise, même dans un registre duveteux qui sied étonnamment bien à sa tessiture si singulière, comme l’illustre "Someone", respiration intimiste fermant l’écoute sur une note plus émotionnelle.
Œuvre plus personnelle que tous les efforts de Darzamat réunis, Foresting Wounds est une agréable réussite qu’aucun faux pas ni maladresse ne viennent parasiter et qui mériterait certainement plus de succès qu’il n’en rencontrera ayant la réelle capacité de toucher un (plus) large public s’il en avait la possibilité… Ce qui n’arrivera bien entendu jamais.