Quand bien même Lasse Pyykkö, dont c’était un des multiples projets, n’en fait désormais plus partie, Acid Witch lui doit beaucoup en terme d’exposition, le Finlandais étant devenu en l’espace de deux ans un musicien culte grâce à son Hooded Menace. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce combo américain, sachez que celui-ci vidange un Death Doom bien baveux aux entournures mais plus psyché que ne peut l’être ce qui est devenu le principal port d’attache de Lasse, dont on retrouve également le penchant pour les films de série Z et l’occultisme, bien que l’approche se veut ici plus parodique.
Seconde cérémonie, Stoned n’arpente pas tout à fait le même caveau que Witchtanic Hellucinations. Dans l’ensemble les titres déploient des durées plus longues, osant même dépasser la barre des cinq minutes, là où leurs prédécesseurs envoyaient la purée pleine de pustules en deux ou trois minutes. S’il reste fidèle à une patine old-school, le son a été travaillé pour sonner plus proprement. On peut le regretter comme on peut trouver que Acid Witch n’a pas trop perdu en route son charme fétide.
De fait, Stoned se présente comme un bon disque, sans doute plus varié que ne l’était son aîné de deux ans. Parfois presque catchy et rock ‘n’ roll ("Witchfynder Finder"), le plus souvent paresseux dans le bon sens du terme lorsque les Américains pédalent dans la gadoue pour notre plus grand plaisir ("Thundering Hooves", "Sabbath Of The Undead" qu’enveloppe l’ombre de Cathedral pour le moins évidente), le menu est un alliage désormais éprouvé mais bandant entre Doom caverneux, Hard rock antédiluvien à la Deep Purple, comme le souligne la gerbe de claviers liturgiques qui en tapisse les cavités ("Whispers In The Dark") et BO de films bis ("Satanic Faith") cependant que "If Hell Exists" s’ouvre sur des nappes stratosphériques qui ne sont pas sans évoquer le Pink Floyd des années 70 !
Musicalement plus intéressant, Acid Witch donne toutefois l’impression d’avoir effacé de son disque dur ce qui faisait sa singularité, à savoir ce côté un peu bricolé, artisanal voire bordélique. Malgré ses maladresses, Witchtanic Hellucinations suintait une spontanéité qui fait un peu défaut à ce Stoned qui s’enfile néanmoins comme une bonne orgie satanique. Bref, et en poussant un peu mamie dans les orties, il est un à l’image du dernier Hooded Menace, Never Cross The Dead, moins cradingue et evil que n'était Fulfill The Curse.