Il y a influence et influence. Il y a ceux qui paient un éternel tribut à une source d’inspiration dont ils ne parviendront jamais à s’affranchir totalement et il y a ceux chez qui cela est un but en soit, ne cherchant absolument pas à nier des références avouées qu’ils assument très franchement. C’est dans cette catégorie, façon « à la manière de », que Speedwolf se range.
Passées les deux premières minutes assez lourdes chargées de poser un décor plutôt sombre, le titre inaugural de son jet séminal, Ride With Death, déboule et là, aucun doute à avoir : c’est à Motörhead que les Américains ont décidé de rendre hommage. Pourquoi pas ? Ils le font même plutôt bien, le chanteur, Reed Bremmer, proposant une imitation de l’homme au furoncle des plus convaincantes, dont il adopte ce grain reconnaissable entre mille, sentant bon les Gitanes et l’alcool frelaté de contrebande. En outre les gars usinent un bon vieux Speed Metal des familles comme à l’époque bénie de Bomber et de Ace Of Spades (n’en déplaise à Lemmy qui ne comprend pas pourquoi on lui cite toujours ces deux albums alors que lui, estime, que son groupe a fait nettement mieux par la suite !), en moins rapide toutefois, même si "Out Of Bail" et ses moins de trois minutes au compteur, avalent les kilomètres telle une grosse cylindrée.
Bref, malgré tout, Ride With Death va à 100 à l’heure, avec ses histoires de démons, de motos et de tueurs en série et donne surtout envie d’enfourcher sa bécane et de se prendre pour Marlon Brando dans "L’équipée sauvage", de têter des bières et d’autres choses plus gourmandes encore. Bien sûr, on peut se demander où s’arrête l’hommage et où commence la photocopie. Mais outre le fait que Speedwolf n’en est pas vraiment une, s’abreuvant aussi auprès de la NWOBHM, n’hésitant pas à s’inspirer des vocalises Black Metal (sur "Death Ripper") ou à plaquer de (courts) soli, à l’image de celui fendant en deux le très bon "Time To Annihilate" notamment, il a le pantalon richement rempli en grosses cartouches giclant une semence sale (mais moins que ce que pouvait vidanger Motörhead à ses débuts), épaisse mais au final plutôt généreuse en mélodies.
Tout cela n’est pas très original ni particulièrement ambitieux mais les Ricains n’ont certainement rien à faire de ce genre de considération, animés par la seule envie de se faire plaisir, de jouer la musique qu’ils aiment sans se prendre ni la tête ni au sérieux. Ils ont bien raison, d’autant plus quand la qualité est au rendez-vous, comme c’est le cas avec ce Ride With Death qui respecte honorablement son cahier des charges.