Est-ce le renouveau du genre et le nombre croissant de productions de qualité qui fait que House Of Lords se sent obligé de sortir régulièrement des albums pour ne pas céder de terrain, ou bien le combo mené par James Christian est-il à ce point inspiré qu’il est obligé de sortir un album tous les 1 ou 2 ans ? Difficile de répondre, et le niveau de ses derniers albums est tel qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de reprocher sa productivité au quatuor. C’est donc bien l’excitation qui l’emporte au moment de découvrir ce huitième opus des Américains désormais menés par le charismatique chanteur depuis la mise en retrait de son claviériste et créateur, Gregg Giuffria (qui ne fût d’ailleurs jamais officiellement remplacé).
Autant le dire tout de suite, "Big Money" ne va pas révolutionner l’existence de House Of Lords et les aficionados peuvent être rassurés car ils auront leur dose de ce Hard FM puissant et mélodique dont le combo est devenu un des spécialistes les plus reconnus. A ce titre, le premier single 'Someday When' ou le majestueux 'Searchin’ ' sont de parfaits exemples de ce que House Of Lords peut pondre de mieux, accrocheurs sans être trop évidents. Avec leurs refrains immédiats et leurs riffs dynamiques, 'Run For Your Life' et 'Once Twice' se révèlent également de véritable bombes mélodiques, alors que les sommets sont atteints à l’occasion d’un 'One Man Down' sombre et puissant, sur lequel plane l’ombre de Led Zeppelin avec sa montée en puissance et ses intro et outro bluesy. Ajoutez à cela le titre éponyme qui fait exploser ses chœurs et son refrain direct en ouverture, et vous obtenez une belle moitié d’album, toujours portée vers les sommets par une interprétation sans faille, par le chant d’un James Christian impérial et par les soli lumineux de cette sacrée patte-gauche de Jimi Bell.
Cela veut-il dire que l’autre demi-douzaine de titres composant ce "Big Money" n’est pas à la hauteur ? Oui et non ! Non car aucun morceau ne peut être considéré comme mauvais, bien loin de là. Mais oui car ils ne sont effectivement ‘pas à la hauteur’ des perles précédemment citées. L’exercice de la ballade consiste ici en un 'The Next Time I Hold You' déjà proposé 100 fois par House Of Lords et flirtant avec la mièvrerie. 'First To Cry' et 'Living In A Dream World' viennent marcher sur les plates-bandes d’Europe et sont dotés de refrains presque trop évidents, la palme dans ce domaine revenant à 'Hologram' et 'Seven' que l’on sent venir de loin. Seul 'Blood' remonte le niveau avec son côté 80’s et son riff saignant.
Le bilan est donc mitigé, d’autant que House Of Lords fait partie de ses groupes dont les albums méritent plusieurs écoutes pour être complètement apprivoisés. Il n’empêche qu’aux côtés de quelques perles, certains titres font un peu office de remplissage et d’un léger manque d’inspiration et de créativité. Pas de quoi faire descendre le gang de James Christian de son piédestal, mais ce dernier devra faire preuve de plus d’imagination pour la suite car la concurrence risque de rapidement faire sentir son souffle. En attendant, l’avertissement est sans frais…