« "Stadium Arcadium" est l’album de la stabilité pour les Red Hot Chili Peppers »... Voilà comment commençait la chronique du précédent album des RHCP, paru il y a de cela cinq longues années. Las, depuis la sortie de ce massif (28 titres) avant dernier disque, la bande à Anthony Kiedis est retombée dans ses vieilles habitudes et la valse des guitaristes a repris pour la huitième fois dans l’histoire des Peppers, permettant à Josh Klinghoffer de succéder à son ami John Frusciante. Ce dernier ayant quitté le groupe sur une prophétique « pour moi, l'art n'a jamais été quelque chose de l'ordre du sens du devoir ». Prophétique, car l’écoute de ce disque nous laisse à penser que les RHCP ont délaissé toutes velléités de recherche artistique pour se contenter de pondre un album très classique et très sage.
Non que ce "I’m With You" soit mauvais... Mais il manque clairement de prise de risque, de fougue, de folie. Ainsi, à l’exception de "Goodbie Hooray" et de l’entraînant "Factory Of Faith" et sa la ligne de basse très présente, les tempos sont globalement peu rapides, et force est de constater que ces deux titres font partie des plus excitants de l’album. Pour le reste, les guitares sont peu présentes, la basse brille rarement, le chant laisse également un goût d’inachevé. Kiedis chante bien, mais il semble exsangue en termes d’émotions. Si techniquement il n’a jamais été aussi bon, il semble fonctionner en automatisme. Et le résultat est à l’avenant, les chansons sont très bien construites, très bien interprétées, très agréables, très mélodieuses, très plein de choses…, mais la plupart du temps elles passent sans laisser de trace. Le poil ne se hérisse pas, la chair de poule est aux abonnés absents.
En effet, quel est l’intérêt d’un "Happiness Loves Company" ? Ce titre est totalement vide d’intérêt, il ne se passe rien lors de sa diffusion. La mélodie coule sur vous, se répand sans indisposer, puis file sans vous avoir fait progresser d’un iota. On pourrait rétorquer à juste titre, qu’il ne nous fait pas régresser et que son écoute n’est pas désagréable. Mais on parle tout de même des Red Hot Chili Peppers, un groupe qui a su par le passé mettre son immense talent au service de la créativité, de l’originalité. Il faut se faire une raison, ce n’est plus le cas. Et ce talent est maintenant utilisé pour pondre de bons titres, mais passe-partout.
Il reste toutefois de (très) bons moments lorsqu’au détour d’un "Did I Let You Know" aux rythmes chaloupés, on se replonge avec délectation dans les ambiances qu’affectionnaient RHCP il y a quelques années, ou bien lorsqu’avec "Annie Wants A Baby" le groupe cesse un peu de rouler en automatique pour nous pondre un titre tout en émotion et en ambiances mélancoliques. Mais pour le reste le groupe stagne, gère, mais ne fait plus rêver, et se contente de nous proposer un bon disque de Pop Rock, extrêmement bien produit, mais sans saveur…