Trois ans que les fans du groupe suédois qui aime Toto attendaient ce second opus, trois années à se demander si cet "Artwork", album hautement recommandable, allait accueillir un petit frère. Que ces foules impatientes tombent en pamoison, l’accouchement vient d’avoir lieu. Le bébé porte le doux nom d "In Progress", ce qui, vous le reconnaîtrez, semble annoncer de prime abord la couleur : les géniteurs de la progéniture estiment que leur second essai dépasse en qualité leurs premières compositions musicales. Alors ? Forfanterie ou clairvoyance ? Eh bien, fidèles lecteurs, au risque de nager à contre-courant des manieurs de plume de la presse spécialisée et de clavier des webzines expérimentés qui, vraisemblablement, ne manqueront pas d’encenser le produit, considérons que cette livraison tant attendue laisse au final un goût de figue et de raisin dans la bouche. En effet, malgré une insistance particulière portée sur les écoutes successives de l’opus, il s’avère qu’au bout du chemin, même si le paysage offre parfois quelques plaisants détours, le voyageur, en bout de course, est tenté de constater que la balade a été le plus souvent monotone.
Pourtant, les premiers méandres du parcours étaient plutôt agréables avec un "The Rain" mélodiquement tonitruant dans la veine d’un Toto qui pulserait, voire d’un Giant, et un "Nature Of The Game", dans le même registre 80’s, qui nous rapproche quant à lui de Street Talk. Et puis à partir de "Once Again", ça descend de plusieurs crans. Ce morceau d’AOR teinté Westcoast ne révèle rien de transcendant et Morphée commence à pointer son nez. Par la suite, "Never Love Again" a beau sortir le grand jeu des claviers d’antan, ce n’est pas avec ce titre que vous jouerez des air-keys à vous dessouder le canal carpien. Quant à "Eye Of The Storm", même s’il tente de vous sortir de votre torpeur, car il essaye de percuter un tantinet plus vos tympans aguerris, il vous donne le sentiment que le sentier est en passe de tourner en rond. La mélodie n’accroche que moyennement et le morceau s’étire dans l’indifférence gênée de l’auditeur. Ce dernier, commençant à redouter d’en perdre le nord, en profitera pour faire un petit somme sur "Until You Believe", ballade d’une mièvrerie que ne renierait pas Christopher Cross.
Nous sommes déjà au milieu du gué et l’inquiétude commence à gagner le promeneur qui retrouve un second souffle avec un "The Great Fall" renouant avec les bonnes sensations que nous avaient procuré les deux hits du début de la balade et nous rappelant à nouveau Giant, voire Seventh Key. Las, "Call On Me" retombe dans les travers précités, non pas que les mélodies ne soient pas jolies, mais bon sang qu’elles sont niaiseuses ! Les Suédois ont eu beau secouer leurs mimines avec ce second opus, le scotch Toto leur colle encore au bout des doigts et "Emelie" (rien que le titre…) rappelle la bande à Porcaro, mais, ô déception, en moins ciselé, à l’identique du groovy "Fall Down" qui fait revivre Chicago sans en retrouver la superbe. Bâillement irrépressible, interrompu par le plus mémorable "Castaway" dont le refrain majeur (confer H.E.A.T. / Giant) nous donne l’envie d’achever le voyage avec l’écoute d’un "One Step Away" assez inspiré qui renvoie une fois de plus à Toto.
Fin de la promenade. Le programme semblait plein de promesses, il ne les a pas tenues dans leur ensemble. Vous pourrez retirer de cette production un EP de bonne facture avec les quatre ou cinq titres marquants susvisés mais guère plus. Voilà bien la plus grosse déception dans le genre de cette année.