Est-il besoin de présenter Acid King, figure tutélaire de la scène Stoner Doom US dont la particularité tient dans la présence à son bord - et aux commandes - de Lori S., petit bout de femme entièrement vouée à la cause, sorte de Doro version métal de bûcheron et également guitariste de son état dont les doomeux sont forcément amoureux ?
Après un Ep éponyme et un galop d'essai, Zoroaster, solides mais conventionnels, c'est en 1997 que les Californiens accouchent de ce qui reste encore aujourd'hui une des pièces maîtresses d'une carrière pour le moment interrompue en 2005 par un troisième opus simplement baptisé III et ce, bien que le groupe soit toujours en vie, comme il l'a démontré il y a quelques mois lors d'un concert parisien alcoolisé (pour votre serviteur, notamment) du tonnerre de dieu. Down With The Crown, puisque c'est de lui dont il s'agit, n'est en fait à la base qu'un EP qui a connu une existence tortueuse, tout d'abord simple petite rondelle, puis élément d'un split avec Altamont avant de constituer la première face d'un vinyle dont la seconde (nommée Free) est remplie par la contribution des Américains au split partagé en 2001 avec The Mystic Krewe Of Clearlight.
C'est cette dernière version qui servira de base à cette chronique. Au programme, un Stoner Doom graisseux comme les bougies d’une moto noyées dans l'huile, qui sent sous les bras, macérant dans une flaque épaisse vidangée par une rythmique pachydermique et le chant de Lori, laquelle n'a rien à envier à aux mecs même si la belle reste avant tout une sacrée guitariste plus qu'une vocaliste hors-pair se contentant d'être une version féminine d'Ozzy Osbourne. Accordée plus bas que terre, elle érige un mur du son écrasant, bunker inviolable.
Formé de trois titres, Down With The Crown s'ouvre sur un instrumental, "Teen Dust Head", qui fleure bon le bitume chaud et ses routes infinies serpentant à travers le désert américain. Après "Full Reverse", pesant comme un cassoulet, "Phase II" et ses 13 minutes au garrot écrase tout sur son passage, monument d'une puissance sismique englué dans le mazout. Orgasme assuré ! La face B agglomère quant à elle quatre morceaux gravés quatre ans plus tard. Toujours aussi lourds et ne parvenant jamais à enclencher la seconde, ceux-ci dévoilent un côté plus psyché d'Acid King, à l'image de la doublette instrumentale "Four Minutes" (qui en dure plus de 8) et "Blaze Out", tous les deux noyés sous des effluves embuées. Indispensable pour les amateurs du genre.
On peut même se demander si les Californiens ont fait mieux par la suite que cette addition finalement judicieuse de deux efforts sans aucun rapport l'un avec l'autre, aboutissant sous cette forme à un album à part entière. La réponse est non !