Dans la famille claviériste de légende qui se la joue escapade en solo, Musicwaves demande le petit veinard qui a piqué la place du grand Jon Lord au sein de l'institution Purplienne. Oui, oui, celui là même qui agitait déjà frénétiquement ses petits doigts sur le "Down To Earth" de Rainbow en 1979 ou le "Never Say Die" de Sabbath en 1978. Eh oui, une légende comme ça, cela ne se présente plus !
Trois années seulement après "A Light In The Sky" plutôt discret et décevant en 2008, Don Airey nous revient avec ce "All Out" qui ne révolutionnera rien dans la carrière déjà faste du Monsieur, mais qui promet tout de même quelques bons moments. Afin de satisfaire tout le monde et de rendre son album plus digeste, il alterne avec intelligence les délires instrumentaux et les titres chantés plus formatés.
L'album débute d'ailleurs dangereusement par l'un de ces titres qui mise la carte de la sécurité. 'The Way I Feel Inside' est un Rock N' Roll comme Rainbow pouvait en proposer à la fin des 70's. Et même si le groupe derrière est solide, l'inspiration et le jeu d'un Blackmore fait ici défaut. 'Running From The Shadow' souffre du même manque de prise de risque. Jouant dans la catégorie AOR de grande classe, mettant en avant l'ami Bernie Marsden, il assure sans transcender. Par contre, les chansons telles que 'Wrath Of Thor', plus lourde et interprétée par un Carl Sentance plein d'aplomb ou encore 'People In Your Head' qui bien que très classique parvient à nous accrocher par je ne sais quelle magie (le groove, la cadence, le refrain excellent ou la présence de Bonamassa ?) fait réellement plaisir aux fans d'un Hard Rock à l'ancienne.
Et puisque le manque de risque semble trainer ses guêtres un peu partout dans cette courte galette, Don Airey nous laisse pour le final un 'Tobruk' de dix minutes. Débutant dans une ambiance froide de vent qui souffle (peut-on parler de cliché quand on fait partie des précurseurs ?) ce titre s'installe comme un épique ultra classique de chez Rainbow. Le premier solo de grand piano, surprenant dans une telle ambiance aurait dû nous mettre la puce à l'oreille mais c'est bel et bien la suite qui va s'avérer la plus surprenante quand un passage jazzy ouvre en toute quiétude la route à une reprise dynamique faite de curieuses associations d'univers musicaux. Comme quoi, quand Don Airey se bouscule un peu nous obtenons là où on ne l'attendait plus l'un des grands moments de l'album !
Des quatre instrumentaux (une jolie ballade californienne qui laisse parler la guitare appelée 'Long Road', une sorte de solo d'orgue sur fond de rythmique et un 'B'cos' très sympathique et léger) nous retiendrons surtout 'Right Arm Overture' qui, débutant comme le plus classique des néo-classiques (sur fond de basse jazzy tout de même), mélange des sonorités arabisantes, spatiales et classiques donnant l'impression d'une réunion de superstars du clavier dans un seul et même titre. Et quand l'hammond vient s'ajouter à cela, on applaudit. La seule reprise de cet album, plutôt surprenante de la part d'un claviériste, est le 'Fire' d'Hendrix, qui, s'il débute de façon très convenue bien qu'explosive, se transforme au dernier couplet en délires purpulien en passant en mid-tempo, puis ouvre les vannes sur un final incontrôlable.
Vite apprivoisé même s'il comporte quelques bonnes surprises, "All Out" fait partie de ces albums qu'il est bon de balancer de temps à autre dans la platine, pour le plaisir … Et la nostalgie également...