Fausse sortie fin 2008 : après un disque remarqué (“The Wait of Glory”), le groupe Proto-Kaw annonce sa séparation. Annonce de courte durée, puisque le combo américain reprend le chemin des studios dès 2010, pour faire paraître un nouvel album en cette fin 2011, sobrement intitulé “Fourth”, avec le même line-up. Continuité ou changements ?
Utilisant une production plus profonde, peut-être moins spontanée, “Fourth” sonne plus symphonique que “The Wait of Glory”. Avec des titres qui marchent sur les territoires de Toto (‘One to Follow’ et ses cuivres, par exemple), on pourrait dire que l’esprit global du disque est plus West Coast que Kansas profond. Les titres respirent le savoir-faire - Kerry Livgren est très loin d’être un débutant - mais ne font preuve ni de l’originalité attendue ni même du souffle précédemment perçu : ainsi, même si ‘Utopian Dream’ lorgne ouvertement vers ‘Nevermore’, le titre d’entame de “The Wait ...”, il n’arrive pas à en retrouver la dimension épique.
Toutefois, l’ensemble ne manque pas d’allant, utilisant avec bonheur les touches de flûte et de sax, ainsi que quelques soli de guitare habilement lancés (‘Pollex’). Malgré un petite baisse de forme en milieu d’album (les cuivres un peu kitsch de ‘Sleeping Giant, entre autres), Livgren et sa bande nous assènent quelques titres fort bien troussés : un ‘Daylight’ et son riff rock sympa, un ‘Cold and Clear’ bien évolutif, un ‘Things We Are Breaking’ construit sur un shuffle avenant, ou un ‘Pilgrim’s Wake’ habilement décalqué de ‘Hold On’, un slow très agréable d’un certain groupe Kansas.
Quoi qu’un peu plus formaté au niveau son que son prédécesseur, ce “Fourth” s’écoute avec le même plaisir qu’ont probablement eu les musiciens (impeccables, avec un Lynn Meredith très en forme) à l’enregistrer. Et même si Proto-Kaw n’a pas la même ambition progressive que le Kansas de la grande époque, il reste une valeur sûre, qui mérite un détour appuyé !