Après un sympathique album de reprises publié en 2010, l'infatigable et intarissable Eric McFadden revient en 2011 avec "Bluebird On Fire". Et comme il nous le confie dans une interview réalisée pour Music Waves, il avait envie, sinon besoin, de revenir à une musique plus simple, plus directe en tout cas, et qui laissait pour un temps au placard les trompettes, violons et multiples couches musicales. "Bluebird On Fire" voit notre géant changer une fois de plus de direction (c'est une manie et un plaisir) pour un rendu clairement Blues/Rock.
Et une fois de plus, (mais comment fait-il ?) le Monsieur s'en sort avec les honneurs. Et l'opener de poser l'ambiance générale de l'album : Crue, épurée et très spontanée. 'Filling A Hole' ouvre le bal avec la voix chaude et rugueuse d'un McFadden qui fait parler la guitare à la moindre occasion comme il est de mise dans ces Blues Rock enlevés. Les trois premiers titres enquillent les coups de poing avec un 'Hangin' Moon' métronomique et entêtant (des adjectifs qui collent également à l'antépénultième 'Firebird') à la voix rauque mi- chantée mi- parlée et au refrain froid et claquant comme un cache poussière (à découvrir ici en version acoustique), suivi d'un 'Voodoo Head' presque malsain et qui rappelle tantôt Hendrix, tantôt Living Colour sur le refrain.
Plus loin encore, d'autres titres viennent rendre cet album délicieux, comme le pavé 'It Takes A Man' à la rythmique chaloupée sur lequel McFadden chante avec ses tripes à s'en écorcher la voix. Et quand il dégaine la guitare sur une longue improvisation finale, il met tout le monde K.O. 'Rise And Shine' apporte une touche de funk bienvenue et, rehaussé de vieux sons d'orgues, se veut l'un des meilleurs moments de ce "Bluebird On Fire". Le délicat et léger 'Beautiful Scares' est une balade comme on aimerait en entendre plus souvent et le final 'From Under Down' l'un des titres les plus travaillé du lot. Sur un 'Two Graves' tranquille ou un 'Til the Medecine Takes' bien Folk et digne d'une B.O des frères Cohen (rugueux et aux chœurs imparables : "Hey Mama, Oh Mama !") McFadden rappelle à qui en doutait qu'il est un monstre de la guitare, bluffant sans jamais verser dans l'autosuffisance. Son piqué de corde et son feeling forcent le respect.
Le seul reproche est qu'avec un peu plus de nuances et de mise en valeur dans la production, McFadden aurait pu pondre un incontournable, riche en mélange des genres improbables comme le Hard-Blues-Funk. Mais ne boudons pas notre plaisir, cet album valant bien son pesant de cacahuètes tant pour les blueseux que les Rockeurs nouvelle (comme QOTSA) et ancienne (comme Hendrix) génération. Fédérateur !