Si chez certains de ses confrères, il est difficile de cerner une ligne directrice commandant leur choix de produire tel ou tel artiste, au contraire, chez Hells Headbangers, celle-ci est très claire : roots, dépouillé, sans affêteries et old school, tels sont quelques uns des identifiants communs à tous les groupes de l’écurie américaine. C’est donc tout naturellement et au-delà de son origine géographique que Midnight, horde obscure comme les affectionnent le label, s’y retrouve.
Fondé par un lointain membre de The Gates Of Slumber ayant aussi promené son savoir-faire chez Abdullah, le groupe végète néanmoins depuis 2003 dans l’ornière de l’underground, environnement qui sied néanmoins bien à son espèce de proto-black metal biberonné aux effluves Speed façon Motörhead et toute une frange de la NWOBHM dont on imagine mal d’ailleurs qu’il puisse proliférer ailleurs, sans avoir jusque là vidangé un véritable album, mais seulement tout un arsenal d’efforts encore plus confidentiels tels qu’on en croise souvent au sein de cet environnement privé de la lumière du jour (démos, splits, EP…).
Rugissant au son de guitares trempées dans l’acier, Satanic Royalty vient enfin couronner presque une décennie d’existance. Aussi bien dans la forme (un simple dessin à l’ancienne : ça fait plaisir à l’heure des photos sans âme retouchées sur Photoshop) que dans le fond (deux femmes dominées léchant une créature dont on devine qu’il s’agit du diable ou de l’un de ses sbires), son visuel se révèle très réprésentatif d’un album à la prise de son franchement crue, qui fonce pied au plancher dont le combustible thématique tête les mamelles velues du satanisme et du sexe.
L’originalité aux abonnés absents (ce n’est clairement pas son but), Midnight usine en à peine trente petites minutes, dix titres nerveux dans leur façon de faire hurler un Heavy Metal tranchant et rapide. Si certains d’entre eux sortent du lot, citons "You Can’t Stop Steel" et son riff obsédant à même de laisser de profonds résidus dans la mémoire, "Satanic Royalty", à l’intro horrifique et aux saveurs finalement très mélodique, malgré le chant hargneux de Athenar, "Rip This Hell" ou "Black Damnation" qu’ouvrent des accords tavelés de tristesse, d’autres peinent à dépasser le cadre modeste qui est le leur.
Mais tous transpirent d’une urgence presque punk dans l’esprit et ruissèlent un feeling Evil qui nous rappelle que ce que l’on nommait autrefois le speed (rien à avoir avec Helloween et consorts, donc), rimait avec aggressivité et âpreté. Surtout, Midnight a pour lui une sincérité, une intégrité qu’on ne saurait lui contester, le rendant des plus sympthiques et ce Satanic Royalty aussi.