Toujours dispersé parmi ses différents projets, l’Ukrainien Antony Kalugin nous revient ici avec un nouvel album, “As Far As The Eye Can See”, délivré par son groupe Sunchild. Sunchild, c’est une histoire de rencontres et de réunions : somme de plusieurs styles, entre rock progressif, néo et symphonique, rencontre de nombreux musiciens (le line-up est d’ailleurs en perpétuelle évolution), un projet qui part donc dans toutes les directions.
Le résultat est un foisonnement relativement maîtrisé, d’écoute accessible, faisant appel à de nombreuses sonorités : outre les claviers, mis en avant puisque Kalugin est claviériste, de nombreux instruments “classiques”, tels le hautbois, le basson, le violon, la viole, le violoncelle, le sax ou la flûte, sont mis en valeur, ce qui donne à la musique de Sunchild une coloration assez particulière. Dans sa diversité, le style s’approche parfois de la comédie musicale, les interventions vocales s’autorisant des fantaisies propres à ce genre (’Stars of Cardiff Bay’, ‘Gordian Knot’, ‘As far As The Eye Can See’), tout en trouvant de jolies harmonies (‘Visionnary Sights’, vocalement bien équilibré).
Concernant les vocaux, l’appréciation pourra être partagée : Antony Kalugin assure correctement sa partition, dans un registre plutôt neutre, tandis qu’Olya Chernova se place de façon beaucoup plus originale, avec un timbre évoquant fortement celui de Kate Bush. Un registre typé, donc à risque, sur lequel les détracteurs vont vite coller une étiquette de minauderie maniérée (‘Mirrors’, ‘March Of Fate’). Probablement les choix de production ne sont-ils pas suffisamment adaptés à son timbre : en empilant les sonorités, ils fuient la simplicité qui mettraient en avant ses atouts.
Même type de reproche concernant la section rythmique, désespérément conventionnelle : il y a dans le long morceau d’ouverture (‘...Cardiff..’) un côté déjanté à la Flower Kings qui aurait mérité beaucoup plus de fantaisie à la basse et de légèreté à la batterie, et ces légères insuffisances uniformisent quelque peu le propos musical, pourtant bourré d’idées de composition. Un reproche qui court tout au long de l'album ...
Malgré tout, “As Far As The Eye Can See” s’écoute avec une grande fluidité. Avec un peu plus de finitions, l’opus aurait gagné quelques crans, qui l’auraient placé dans les albums indispensables !