ANTHRAX: Worship Music (THRASH) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Le grand cirque Anthrax vient enfin d’accoucher d’un nouvel album. Le terme « enfin » est peut être superflu dans le sens ou à titre personnel, je n’attendais plus grand-chose de ce groupe autrefois chéri, et qui se complait depuis quelques temps dans des changements de Line-up et des choix artistiques aussi confus que difficilement compréhensibles

Ainsi, depuis 6 ans, les New-yorkais font valser leurs chanteurs au gré de leurs hésitations et nous donnent à contempler un groupe qui privilégie tour à tour une nostalgique teintée d’avidité ou bien une évolution artistique vers plus de modernité. Comme obnubilé par la recherche du succès à tout prix, ils n’ont d’ailleurs pas hésité à sacrifier l’amitié qui semblait les lier à John Bush pour réintégrer un Joey Belladonna sur lequel ils n’hésitaient à médire il y a peu.

Mais, il y a lieu de convenir qu’au regard de ces à priori forts négatifs, ce "Worship Music" est plutôt une bonne surprise. Certes, nous ne sommes pas au niveau de la claque que nous avait mis "We Come For You All", mais le résultat est largement supérieur à nos craintes légitimes. Le groupe a su, de manière relativement habile, combiner la réintégration d’un Joey Belladonna qui se positionne comme représentant d’un Thrash Old school, avec ses velléités d’évolution vers des sonorités plus modernes. Et si le côté « cul entre 2 chaises » pouvait faire craindre le pire, on trouve tout de même de très bonnes choses dans cet album.

Ainsi "The Devil You Know" ou bien "Fight 'Em Till You Can't", nous montrent-ils un Anthrax qui, s’il évolue dans un Thrash mélodique de facture assez traditionnelle, semble au meilleur de sa forme. Le chant, qui constituait une des grandes inquiétudes, est assez bluffant, Joey Belladonna parvenant à moduler sa voix en lui donnant un aspect plus grave et plus sourd que par le passé.

Mais le groupe ne se contente pas d’évoluer dans son pré carré, et poursuit la modernisation de ses sonorités qu’il a entreprise avec l’arrivée de John Bush. L’épique et sombre "In The End" est à ce titre une réussite parfaite. Cet hommage à Dimebag Darrell et à RJ Dio est un mid-tempo pesant et émouvant. Vraiment un des moments forts de l’album.

Dans des ambiances toutes aussi lourdes, "Crawl" se démarque également avec bonheur du style habituel des New-yorkais. Les vocaux et les parties de guitares montent crescendo pour engendrer une petite tuerie qui n’aurait pas dépareillé sur les deux albums précédant du groupe. On sent la tentation de moderniser son propos très présente et on se surprend parfois à peiner pour reconnaître Joey Belladonna, tant celui-ci s'exprime dans un style proche de celui de John Bush.

L’album n’est toutefois pas exempt de tout reproche et certains titres restent assez dispensables à l’image de "The Constant", de "Revolution Screams" et des deux intermèdes qui précèdent "In The End" et " Judas Priest". Ce dernier morceau présente également un bilan assez mitigé, et ne doit son « salut » qu’à la qualité du son qui permet de passer du statut « anecdotique » à celui de « très correct ». De manière générale, la production est d’ailleurs excellente et tire le disque vers le haut.

Avec ce dixième album, les Anthrax ne révolutionnent pas la musique, et se contentent de nous pondre un disque honnête qui, s’il ne mérite pas les 8 années nécessaires à sa conception, procure tout de même quelques belles sensations.

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