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Souvenez-vous, c'était en 2005, Skumring offrait ce qui reste encore à ce jour le seul témoignage de son existence, le douloureux De Glemte Tider. Chantre d'un Doom atmosphérique repoussant à son paroxysme l'art de la lenteur tragique, il nous avait permis de découvrir une chanteuse exceptionnelle, Cecilie Langlie dont la voix aussi envoûtante que fantômatique entraînait l'oeuvre à travers un chemin forestier nappé de brouillard. Et depuis, plus rien. Malheureusement.
Mais si les Norvégiens semblaient s'être endormis dans le permafrost, l'actualité de la belle s'emballe enfin de nouveau aujourd'hui après plusieurs années de silence, seulement interrompues par le premier album éponyme de Vagrant God, dont on aurait bien aimé entendre au moins quelques notes. En attendant la ressortie - enfin ! - de celui-ci et le retour d'Havnatt, dont la récente participation à la précieuse compilation Whom The Moon The Nightsong Sings résonne comme un bruissement annonciateur d'un futur album, c'est Omit qui nous permet de la retrouver, le charme et la puissance d'évocation vocale intacts, soit le troisième côté d'un triangle dont le coeur repose sur le duo que la jeune femme forme avec Tom Simonsen, son compagnon depuis Mandylion et secondé par Kjetil Ottersen, ancien guitariste de Fallen (auquel la blonde participa à ses débuts) et de Funeral, tous les trois également aux commandes du nouveau label Secret Quaters. C'est donc à toute une famille de musiciens que cimente un amour du Doom à laquelle nous avons affaire, un Doom qui conjugue toujours romantisme et lenteur extrême.
Attendu comme un messie tragique, Repose se mérite, se déployant par le biais de cinq complaintes dont la répartition à travers deux disques témoignent d'une durée qui ne descent jamais en-dessous de la barre des 14 minutes, la palme revenant à la dernière d'entre elle, "Insolence" qui tutoie la demie-heure. Drapée dans un délicieux suaire mélancolique, cette offrande est une cathédrale de tristesse infinie, témoin d'une faute que l'on ne peut pardonner. Oeuvre d'une poésie austère, elle sécrète cette glaciale beauté propre aux groupes norvégiens en même temps qu'elle capte les vibrations de ces paysages figées par l'hiver, où le temps semble s'être arrêté.
Parler de lenteur tient en fait presque de l'euphémisme tant ces cinq compositions ne parviennent jamais à s'extraire d'une gangue dont elles demeureront prisonnières à jamais. Et sans aller aussi loin dans ce registre que De Glemte Tider (ce qui parait du reste presque impossible), Repose épouse la trajectoire d'un interminable chemin de croix, baignant dans une pale lumière, chaque titre étant un acte de contrition. Tout est mis en oeuvre pour nous engourdir, pour ralentir un tempo qui jamais ne s'emballe ou s'accélère. Jamais. Le paroxysme étant atteint avec le terminal "Insolence" qui redonne tout son sens au Doom, lente respiration mortuaire après laquelle il ne peut rien y avoir, si ce n'est la mort elle même. Souligné par des guitares qui tissent une toile aux couleurs tristes ainsi que par des lignes de violons séches, il y a la voix de Cécilie, véritable vigie perçant la brume et guidant l'auditeur égaré jusqu'à une destination que l'on devine (forcément) funeste. Quelle voix, mon dieu, magique et frissonnante, clé d'un édifice qu'elle voile d'un linceul d'émotions tragiques.
Chargé de spleen, Repose porte bien son nom, offrande aux froides couleurs automnales et magnifique dans sa lancinance désespérée, qui vient effacer de (trop) longues années d'attente.
Plus d'information sur
http://www.omitmusic.com/
LISTE DES PISTES:
01. Scars 16:14 02. Fatigue 14:28 03. Dissolve 14:20 04. Constriction 14:50 05. Insolence 25:09
FORMATION:
Bert Nummelin: Batterie Cecilie Langlie: Chant Kjetil Ottersen: Guitares / Claviers Tom Simonsen: Guitares / Basse / Claviers
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