Sur la pratique de l’interprétation, l’association des King Mob affiche un CV aux glorieuses références… Chacun des membres de l’équipage a déjà officié avec quelques-uns des grands noms de la musique pop/rock de ces dernières décennies. Jugez plutôt, pour faire court : Chris Spedding, aux guitares, a œuvré avec Roxy Music, Elton John, John Cale et Paul Mc Cartney ! Glen Matlock, entre autres, a tenu la basse pour les Sex Pistols et pour Iggy Pop. Martin Chambers ? …n’est autre que le batteur des Pretenders! Outre ce panel d’influences probables ou potentielles, il faut souligner que ces Britanniques se retrouvent sur deux autres terrains de prédilection, dans des registres encore différents : les 4 comparses adhèrent sans réserve, de leur propre aveu, à la musique de Jimmy Page (faut-il présenter le leader de Led Zeppelin ?) ainsi qu’à celle de Duke Ellington. Que peut donc bien donner la résultante inspiratrice de tout cela ?
La perception de 'Love Of High Renown', en ouverture, nous offre une trame analytique intéressante, car les Britanniques y pratiquent le mélange de base qui va sous-tendre l’essentiel de l’album, et ils le font assez bien sur ce premier titre. Un vocal électrisé (mais cela va évoluer sensiblement selon les compositions), assez incisif, une guitare rythmique d’obédience punk, alors que la six cordes se chargeant des chorus avoue carrément un caractère country-rock beaucoup plus lumineux; et une aura ambiante de Rock’n’Roll. Ce dernier penchant, lui aussi, sera modulé avec plus ou moins d’intensité selon les moments. Voilà pour les ingrédients concrets, quoi qu’on puisse conjecturer en se basant sur les orientations précitées. La ligne mélodique, quant à elle, admet franchement ne pas vouloir taquiner les premières places des podiums en la matière. Mais elle a cela d’original qu’elle se love dans l’instrumentation, un peu comme si elle ne pouvait s’exprimer qu’au travers de cette orchestration exclusivement.
Seulement, passé l’enthousiasme de l’introduction, on s’aperçoit assez vite que le Rock de King Mob, bien que multicolore (affectionnant l’usage des chœurs, par exemple), n’exhale rien de très nouveau. Si le groupe s’attache consciencieusement à ce que chacun des titres embarque son break ou sa ponctuation stylistique, force est de constater qu’une bonne moitié d’entre eux n’apporte pas de réelle contribution créatrice à l’ensemble, souffrant d’un manque de personnalité évident. Les élans post rock’n’roll, certes modernisés sur la forme sonore, se révèlent passablement surannés sur le fond émotionnel; et les formules répétitives, notamment celles du pachydermique 'Vah Vah Voom' ou du convenu 'Selene Selene', n’ont pas d’autre effet que de lasser les oreilles dès les premiers instants. Quant aux phrasés de guitare, et de même pour les lignes de soutien de la basse, bien que de bonne volonté, on ne pourra pas leur créditer de riffs très audacieux.
La galette nous réservera tout de même quelques bons moments, comme celui de 'China Waters', sensiblement plus alternatif dans sa démarche, avec un jeu de rythmique joliment hypnotique et assorti de vocalises opportunément rampantes. Ou encore, les ballades en mid-tempo emmenées par 'Secret Song' et 'Chapel Of Love', sur une tonalité mi-désinvolte, mi-plaintive; sur la première, le brusque contraste expressif provoqué par le crescendo du chorus de guitare est assez plaisant, et au cours de la seconde, affublée d’un vocal en ténor de Gospel, on bénéficiera d’une belle relance groovy, assez compatible avec la tonalité émotionnelle du départ.
Pour schématiser, in fine, l’ambiance générale ferait penser à celle d’un mélodrame un peu décalé. Vraiment rien de transcendantal, mais si par exemple vous avez aimé la tension caricaturale du Peter Gunn des Blues Brothers, vous pourriez éventuellement faire un bout de chemin avec "Force 9".