Season Of Mist, via sa sous-division Underground Activists, poursuit sa main mise sur la chapelle Black metal dont il récupère quelques uns des prêtres les plus inspirés sinon les plus personnels. Après Watain et Drudkh par exemple et en attendant Arckanum, c’est en Nigthbringer que l’entreprise marseillaise a décidé de croire, signature tout à fait cohérente eu égard aux standards de qualité qui commandent toujours ses choix, le groupe comptant parmi les hordes noires les plus prometteuses du continent nord-américain. Death And The Black Work, Apocalypse Sun et plus encore sa contribution au split à quatre tête On The Power Of The Sphinx, l’ont prouvé.
Chantre d’un Black Metal extrêmement sombre, d’une brutalité viscérale tourbillonante, bien que souvent sourde, Nightbringer sculpte un art singulier qui n’appartient qu’à lui, maître de cérémonie d’un culte sinistre se nourrissant d’occultisme et d’anciennes religions desquels il livre une expression adulte loin des bouffons polluant bien trop un genre où tendent à se confondre de plus en plus satanisme et parodie. Pas de cela chez les Américains qui, s’il respectent certains invariants accrochés au metal noir comme une moule à un rocher, tels que les corpsepaints de rigueur, n’en font pas moins œuvre personnelle, quand bien même Hierophany Of The Open Grave ne possède pas la même démesure impie que ses prédécesseurs, lesquels baignaient véritablement dans une aura quasi cryptique et brillaient d’un lustre noir inquiétant.
Cette fois-ci et bien que faisant preuve de moins de fulgurance ténébreuse, Nightbringer demeure néanmoins toujours un cran largement au-dessus de la pollution Black Metal courante. Son sens des atmosphères viciées intact, il signe un opus palpitant d’une négativité infernale, turgescence obscure gonflée d’une sève occulte ruisselant à travers les fentes de compositions tortueuses, au rythme lent sans sombrer dans une ennuyeuse léthargie. L'opus révèle une grande densité qui le rend étouffant et il est parfois difficile de pénétrer les sombres arcanes de cet art noir aux arêtes tranchantes à la surface froide dans sa dureté minérale. Souvent introduits par des motifs aux ambiances occultes et lugubres ("Angel Of Smokeless Fire", "Via Tortuosa"), les titres ont quelque chose de sinistres reptations dont aucune lumière, ni salvatrices issues même éphémères ne viennent en briser la noirceur insondable et paroxysmique.
Bloc indivisible qu'il commande d'être appréhendé dans sa globalité plutôt qu'en picorant ses titres à l'allure (faussement) paresseuse, Hierophany Of The Open Grave n'est sans doute pas le chef-d'oeuvre que beaucoup espéraient, il s'avère être cependant un gemme ténébreux hautement nocif et donc (forcément) recommandable...