S'il existe encore bien en Europe Occidentale quelques groupes valant la peine de prêter allégeance au seigneur des Ténèbres, on a toutefois un peu l'impression que l'épicentre du phénomène s'est à la fois décalé vers l'Europe de l'Est tout en explosant entre les Etats-Unis, le Canada et l'Australie où les hordes talenteuses se comptent par palettes entières, de Drowning The Light à Moon, de Woods Of Desolation à Nazxul. les jambes (cloutées) écartées entre Sidney et New South Wales, ville abritant une scène apparement des plus fécondes.
Erebus Enthroned vient compléter cette litanie grâce à un jet séminal dont l'insolente maîtrise n'a d'égale que la furieuse négativité qui le guide. Avec ses riffs tranchants comme une lame, ses ambiances au goût de stupre démoniaque et son chant venimeux, Night's Black Angel anime à sa manière modeste mais nerveuse ce Black Metal chez lequel la rapidité d'exécution ne met jamais en jachère un feeling malsain et lugubre.
Bref, australien de sang mais Suédois nouvelle génération (Watain, Valkyrja) de coeur, Erebus Enthroned ne fait pas dans le point de croix (renversée), déversant sa bile noire en une petite trentaine de minutes, le temps de 8 titres, (forcément) courts, tendus comme une hampe gonflée d'un liquide pestilentiel et vibrant d'une haine visqueuse. Mais malgré les blasts et les perforations fielleuses ("Pillar Of Fallen Flesh", "Enthroning The Harbringer Of Death"), le chalice sait vomir des atmosphères morbides et glaciales, démontrant pas la-même que ses prêtres valent mieux que ce qu'une vitrine tâchée par les corpsepaint de rigueur, le laisse tout d'abord penser.
Car sans sacrifier l'intensité sur l'autel des ambiances, le groupe sait injecter à un Black Metal de base et dépourvu d'orginalité au premier plan, là des cassures rampantes ("Blackwinged par exemple"), ici un tempo vicieux, illustré notamment par "Virus" dont la vélocité des attaques ne l'empêche pas d'ouvrir les vannes d'une épidémie bien glauque ou ailleurs quelques parcimonieuses touches (plus) mélodiques. Dommage que Night's Black Angel s'achève sur une outro qui voudrait résonner du son d'un caveau humide et grouillant d'un Mal absolu mais ne réussit qu'à paraître inutile, verrue ambient qui n'apporte pas grand chose.
Et si Erebus Enthroned ne saurait encore prétendre rivaliser avec les maîtres suédois du genre et déjà cités, car lui font - pour le moment - défaut cette inspiration viscéralement Evil et une démesure dans la brutalité, on devine chez lui un potentiel à peine déflorer par ce qui n'est après tout d'un premier méfait longue durée. On a connu bien pire...