Shaka Ponk n’est pas un nouveau venu sur la scène française puisqu'il nous livre son troisième album. Ce dernier a la particularité d'être assez ardu à appréhender tout d’abord du fait de sa coloration musicale, qui ferait passer un arc-en-ciel pour un faire part de décès et d’autre part du fait d’une volonté permanente de faire le « buzz » afin de se donner une posture médiatique, au risque de faire passer la musique au second plan.
Au niveau musique justement, l’électro Rock des débuts, bien que toujours présent a laissé un peu plus de place à un melting-pot au sein duquel les éléments « dance » se taillent la part du lion. En effet, si l’entrainant "Let’s Bang", qui n’est pas sans rappeler par moment le "Blue Monday" de New Order, ou bien "My name Is Stain" restent dans cette veine Electro, tout un autre pan de ce disque est plutôt empreint d’une Pop Rock dansante, et organique... A l’image de "Brunette Localicious", un morceau de Pop sucré sur fond de batterie Rockabilly, ou bien de "I’m Picky" qui lorgne plus vers le Punk Rock californien à la Green Day.
Dans tous les cas, l’énergie est toujours très présente et les morceaux donnent irrésistiblement l’envie de danser. Difficile en effet de résister à l’appel du très bon "Reset After All", ou bien de "Shiza Radio". Mais ce côté jouissif est légèrement contrebalancé par un perpétuel, bien que léger, sentiment de déjà-entendu. Les lignes musicales, les gimmicks, les refrains renvoient en permanence à d’autres artistes (Green Day, Daft Punk, MGMT, Black Eyes Peas, Superbus…).
Avec ce nouvel album, Shaka Ponk laisse donc un sentiment mitigé. S’il est indéniable que le groupe excelle dans l’art de proposer des titres aussi variés qu’explosifs et que leur sauce Electro Rock est réalisée avec un savoir faire et un esprit festif consommé, il n’en reste pas moins que le patchwork musical proposé ici laisse apparaître des influences parfois un peu trop prégnantes. Il en ressort donc un léger manque d’identité musicale que Shaka Ponk semble vouloir compenser par une agitation médiatique qui peut sembler un peu excessive. A cet effet, la présence de Bertrand Cantat sur le dernier titre, même s’il elle n’est probablement dictée que par la passion, pourra contribuer à renforcer cette impression.
Plus sérieusement, si l’on parvient à dépasser le léger malaise que pourrait faire naître l’identité musicale aux contours un peu flou du groupe, nul doute que ce disque est un très bon recueil de titres jouissifs et très bien produits. Un bon résultat donc, mais qui laisse une légère amertume dans la bouche.