Après 10 années de silence, Tears For Fears, tel le phénix renaissant de ses cendres déjà bien refroidies par ses deux publications précédentes, Elemental et Raoul… dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles furent loin d'atteindre le succès tant artistique que commercial de leurs prédécesseurs, refait surface en cette année 2005, avec la publication d'un nouvel opus au titre pourtant annonciateur d'une fin programmée. Que nenni ! Première surprise, le retour dans le combo de Curt Smith, probablement revenu de ses expériences en solitaire. Deuxième surprise, la mise sur pied d'une tournée à succès dont le point culminant au Parc des Princes, pour une fois livré à d'autres visiteurs que ses hordes hurlantes habituelles, restera dans les mémoires, et qui loin de se cantonner à la promotion de ce nouvel opus, se poursuivra encore en 2010 !
Mais, après les errances constatées des deux membres originels de Tears For Fears, que ce soit en solo pour chacun, ou pour Orzabal sous l'étiquette du groupe, que pouvons-nous désormais attendre d'un duo dont la dernière production commune, l'incroyable The Seeds Of Love, semblait avoir atteint des sommets himalayens ? Les premières mesures du morceau titre vont hélas rapidement répondre à cette question … hélas.
The Beatles ? Ce nom vous rappelle quelques souvenirs ? Eh bien à tous ceux qui avaient remisé au fond de leur mémoire musicale le quatuor de Liverpool, Tears For Fears va offrir une cure de jouvence auditive, délivrant une collection de chansons pop fortement inspirées, ou du moins franchement marquées par cette musique produites quatre décennies auparavant. Le phrasé des chanteurs, la production qui leur est appliquée rappelant Yellow Submarine, et bien entendu la construction d'une bonne partie des chansons ici présentes, tout renvoie à cette référence… mais en beaucoup moins bien. Mélodies poussives, chœurs systématiques et insupportables (Who You Are), même la présence en grande pompe d'un orchestre symphonique ne parvient pas à relever le niveau de Secret World. Et que dire des ‘généreux’ bonus, dont l'insipidité déclenche comme seul effet la pression avant l'heure sur la touche stop du lecteur de CD !
Que reste-t-il de la période "Seeds Of Love" ? Pas grand-chose, hormis The Devil. Exit les inspirations progressives, les ambiances blues et les atmosphères envoûtantes. De la période "Songs From The Big Chair" ? Peut-être la première plage au titre éponyme. De l'époque "The Hurting" ? Une toute petite poignée de chansons aux mélodies inspirées (Call Me Mellow, ou encore Quit Ones. Et pour couronner le tout, les orchestrations habituellement fort soignées et inspirées sont, à quelques exceptions près, plutôt du genre basiques et répétitives. Reste un magnifique artwork pour consoler l'auditeur dépité… ça fait peu !
Là où certains groupes ayant connu un succès mondial, jouent la carte de la reformation en se contentant de surfer sur la vague revival de leurs succès passés, remplissant les stades et leurs poches au gré de tournées à but purement lucratif, Tears For Fears a fait le choix courageux de se mettre en danger en publiant un nouveau matériel musical. A l'écoute de ce navrant opus, que leur conseiller d'autre sinon qu'emprunter la même voie ?