La Russie : son président, son premier ministre (et inversement) et son métal progressif en version originale… La particularité d'Azazello, outre le fait que ses 5 précédents efforts sont totalement passés inaperçus, est de proposer un album avec un chant russe. S’étant auparavant essayé au trash et à la musique instrumentale, le parcours d’Azazello est pour le moins tortueux. Décortiquons le contenu de Transformation.
Inutile d’avouer la totale inculture de votre serviteur en langue russe. S'il ne sera donc fait aucun commentaire sur le contenu des paroles, il y a néanmoins beaucoup à dire sur le reste et notamment sur le chant qui passe agréablement à l’écoute en créant un mélange d’exotisme et d’insolite. Les « r » roulés de la langue russe font leur petit effet dans ces vocalises métalliques même s'ils ne parviennent malheureusement pas à masquer la voix d’Alexander Kulak qui est difficile à supporter pendant les 54 minutes du disque. Mais là n’est pas le seul défaut de Transformation.
Cet album est une succession de titres métal progressif sans cohérence. Les parties s’enchainent bizarrement avec des cassures en plein milieu de textures très puissantes. Non que ces parties plus calmes soient mauvaises, au contraire elles représentent le seul intérêt du disque, mais on ne comprend pas la construction des morceaux. "To Win" est fait sur ce modèle : une belle introduction très rythmée (un des seuls savoir-faire d’Azazello) et un long déroulé sans fond avec refrain insipide jusqu’au petit break acoustique.
Pour un groupe de métal progressif qui se targue d’avoir composé beaucoup d’instrumentales, les interventions de la guitare sont au mieux ridicules, au pire maladroites ("Enchantress") et les choix des sons de claviers sont grossiers et anachroniques ("To Win"). Au rang des étrangetés, citons "Transformation" qui réunit un couplet très noir que l’on croirait issu de Vulture Industries avec un refrain léger et presque enfantin.
Ne noircissons pas le tableau à l’excès, il y a quelques touches, ici ou là, que l’on peut considérer comme des points positifs de l’album. L’ambition d’Azazello d’avoir inséré des flutes ou des violons dans quelques morceaux, les ballades plutôt réussies ("Enchantress" et "Phoenix") et les introductions parfois épiques et rythmées ("The Moon" et "To Win" par exemple) sont les seuls consolations à l’écoute de ce disque en majorité raté.
Azazello ne créera pas la surprise avec Transformation et restera confiné dans un anonymat bien mérité. En résumé, Azazello ce sont de bonnes introductions et des passages acoustiques intéressants, le tout immergé dans un grand vide musical.