Avec "Unfinished Business" (2002) et "Sunset & Vine" (2005), les Britanniques de Shy avaient proposé deux excellents opus, certes influencés par Journey, mais suffisamment ambitieux et personnels pour imposer leur Hard FM mené par la voix aérienne de Tony Mills. Seulement voilà, le chanteur a quitté le combo pour une nouvelle carrière débridée, le voyant rejoindre TNT, mais également Serpentine et State Of Rock pour des résultats parfois mitigés. Devant également faire face au départ du guitariste Ian Richardson, Steve Harris et sa bande auront donc mis 6 ans à nous offrir un nouvel album, engageant au passage le chanteur Lee Small (Phenomena, Surveillance).
Et c’est bien ce dernier qui réussit le tour de force de s’imposer immédiatement comme un frontman de premier plan grâce à une interprétation de très haut niveau, alliant puissance et profondeur, mariage improbable de Steve Overland (FM, Overland), Toby Hitchcock (Pride Of Lions) et Glenn Hughes (est-il nécessaire de préciser ?). Comme emportés par la sublime performance de leur nouveau camarade de jeu, les quatre musiciens nous servent une démonstration, et si la section rythmique est impeccable, alliant puissance, technique et intelligence, ce sont bien Steve Harris et Joe Basketts qui profitent le plus d’une nouvelle mise en lumière. Le premier, leader du combo et principal compositeur, nous offre des riffs d’une efficacité redoutable, des mélodies absolument imparables et des soli incandescents qu’il n’hésite pas à laisser se développer, alors que le second permet à Shy de prendre une nouvelle dimension en nous servant les lignes de claviers monumentaux, parfois délicats, parfois symphoniques, toujours imposants sans jamais être envahissants.
Tout cela nous donne un Hard Mélodique alliant puissance et mélodie, et mélangeant ingrédients FM et symphoniques pour un résultat ambitieux et hyper accrocheur, la plupart des titres dépassant allègrement les 5 minutes, le majestueux "Sanctuary" s’envolant même au-delà des 7 minutes en flirtant avec des territoires progressifs. Sans être trop évidents, les refrains restent accrocheurs et finement ciselés ("Ran Out Of Time", "Pray", "Live For Me", "Save Me"), les ballades ne tombent jamais dans la mièvrerie et nous plongent dans une émotion à fleur de peau ("Breathe") et l’ensemble est à la fois cohérent et dynamique. Et si l’on pense parfois à Foreigner (les couplets de "Ran Out Of Time"), à Def Leppard ("le mid-tempo "Only For The Night"), à Magnum ("Sanctuary"), ou à Treat ("Save Me"), il ne s’agit jamais de pâles tentatives de copies mais juste de références à une scène mélodique de qualité.
Evitant le piège d’un Hard FM trop évident dont la durée de vie est souvent fugace, Shy préfère nous proposer un Hard Mélodique certes accessible, mais dont chaque écoute révèle de nouvelles richesses et dont chaque titre est un joyau finement travaillé et à l’éclat unique. Avec cet album éponyme, le groupe de Steve Harris nous offre tout simplement ce qui risque se révéler être l’album de l’année dans le genre et devrait lui permettre d’atteindre enfin la renommée qu’il mérite, tout en révélant un chanteur exceptionnel dont nous risquons de beaucoup entendre parler dans le futur. Tout simplement Monumental !