Quoique de part son origine géographique, son logo et, dans une moindre mesure, son nom, il puisse être arrimé de facto à la mouvance retro Thrash qui sévit sur le sol américain depuis quelques années, Skeletonwitch noue en réalité plus de liens avec le Metal extrême du vieux continent, et de Scandinavie en particulier, qu’avec Warbringer ou Municipal Waste par exemple. Les guitares et le chant braqués vers la Suède – comment ainsi ne pas évoquer Dissection et Arch Enemy (la paire de seins en moins) à son égard ? -, le groupe de l’Ohio exécute une espèce de Death/Thrash Mélodique enténébré par des relents d’art noir, recette aussi éprouvée qu’efficace qui a déjà fait ses preuves grâce à trois méfaits plus ou moins remarqués depuis 2003 et à laquelle Forever Abomination confère enfin la maturité qui lui faisait jusque là défaut.
Fort d’une interprétation aux petits oignons et d’une écriture ciselée allant à l’essentiel, il est même une manière de consécration pour Skeletonwitch dont seul un manque d’exposition l’empêchera sans doute d’imposer son sobriquet comme il le mérite. Surtout ne vous fiez ni à la créature monstrueuse ornant sa pochette ni à son nom un peu patibulaire dont on croirait qu’il a été piqué à un Vital Remains, Forever Abomination a l’air de montrer les crocs comme ça mais il ne mord pas autant que ce que l’on pourrait imaginer. De même, l’intro – très belle au demeurant - toute en arpèges sombres qui semble tout sorti du cerveau du défunt Jon Nödtveidt (Dissection) ouvrant "This Horrifying Force" ne doit pas vous tromper quant à un contenu lorgnant davantage vers le mélo Death biberonné au Heavy-Metal que vers les brûleurs d’église.
Ces avertissements énoncés, force est de reconnaître que cette dizaine de titres trapus et râblés s’enchaînent sans le moindre temps mort emportés par une cascade de guitares aiguisées ou plus obsédantes. Tous ont des allures d’hymnes immédiats à même de creuser de profondes crevasses dans la mémoire, propulsés par des lignes mélodiques d’une efficacité à toute épreuve. Et si Skeletonwitch n’innove absolument en rien, il récite avec une telle dextérité sa leçon apprise, qu’au final on se moque pas mal de savoir chez qui il a piqué tel plan, telle idée. Le plaisir est total à l’écoute de ce quatrième album (déjà !) et surtout communicatif : toujours ça de pris !